Un troisième blogueur assassiné à l’arme blanche au Bangladesh : les autorités doivent rendre justice dans ce nouvel attentat contre la liberté d’expression

Pour éviter une grave crise de la liberté d’expression dans le pays, les autorités bangladaises doivent faire en sorte que le meurtre odieux du blogueur et défenseur de la laïcité Bijoy Das – le troisième assassinat de ce type depuis le début de l’année – ne reste pas impuni, a déclaré Amnesty International.

Cette nouvelle attaque met en évidence le fait que les blogueurs qui défendent la laïcité sont pris pour cible au Bangladesh, dans le cadre d’une campagne brutale face à laquelle les autorités se montrent incapables d’agir, si tant est qu’elles en aient la volonté.

« Certains de ces meurtres ont été revendiqués par des extrémistes, a déclaré Abbas Faiz, chercheur sur le Bangladesh à Amnesty International, mais ils faut souligner qu’ils sont rendus possibles par le fait que les autorités ne poursuivent pas les responsables. L’assassinat de Bijoy Das montre une nouvelle fois que le Bangladesh ne fait pas ce qu’il faut pour protéger ceux qui critiquent l’intolérance religieuse et pour poursuivre en justice les individus qui s’en prennent à eux.

« L’impunité qui prévaut dans toutes ces affaires continue d’envoyer le message que ces attaques sont tolérées par les autorités. La fin de l’impunité et la protection des personnes en danger doivent être des priorités pour les responsables du Bangladesh. »

Selon la police, Bijoy Das a été attaqué par des individus armés de machettes alors qu’il était en déplacement professionnel dans la ville de Sylhet. Ses assaillants l’ont frappé à la tête et sur le corps, puis se sont dispersés dans la foule, selon les informations recueillies.

Bijoy Das a été conduit à l’hôpital, où sa mort a été constatée. Cet employé de banque âgé de 33 ans contribuait au site web Mukto Mona, dont le modérateur, le blogueur bien connu Avijit Roy, a été tué dans des conditions similaires dans une rue de Dacca au début de l’année.

Bijoy Das avait été distingué en 2006 par Mukto Mona pour sa contribution à la « diffusion des messages et des idéaux laïques et humanistes ». Des amis du blogueur expliquent qu’il critiquait l’exercice de la violence au nom de la religion et défendait les idées scientifiques et rationalistes.

Le mobile de l’assassinat de Bijoy Das n’a pas été établi avec certitude, mais les circonstances de sa mort sont similaires à celles dans lesquelles d’autres blogueurs ouvertement opposés à l’extrémisme ont été tués.

Selon des militants de la société civile, des groupes islamistes radicaux ont établi une liste noire rassemblant de nombreux noms d’écrivains, de blogueurs et de journalistes défenseurs de la laïcité. Les trois blogueurs assassinés depuis le début de l’année figuraient semble-t-il sur cette liste. Aucune poursuite contre les auteurs présumés de ces attaques n’a abouti.

Un blogueur connu pour son intolérance vis-à-vis des idées laïques a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre, le 25 février 2015, d’Avijit Roy, un ressortissant américain d’origine bangladaise. Quelques semaines plus tard, le 30 mars, un autre blogueur défenseur de la laïcité, Washiqur Rahman, a été tué dans une attaque similaire. Deux étudiants en religion fréquentant un séminaire islamique ont été arrêtés pour ce meurtre.

« Les autorités doivent faire en sorte qu’une enquête efficace soit menée sur tous ces assassinats, de manière à établir qui sont les auteurs présumés et à déférer ceux-ci à la justice, dans le cadre de procédures équitables et excluant le recours à la peine de mort, a déclaré Abbas Faiz. Chacun de ces meurtres constitue également une attaque contre la liberté d’expression et la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction.

« Si elles ne prennent pas toutes les mesures possibles pour que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et que les personnes en danger soient protégées, les autorités enverront le message implicite qu’elles tolèrent de telles attaques. »

Génocide à Gaza

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