Les autorités turques doivent immédiatement remettre en liberté des manifestants non violents arrêtés sur la place Taksim lundi 8 juillet. Elles doivent par ailleurs enquêter sur les allégations faisant état d’un recours excessif à la force, après que la police antiémeutes ait employé du gaz lacrymogène et des canons à eau afin d’évacuer cette place et le parc Gezi voisin, a déclaré Amnesty International.
« Les autorités turques sont tenues de veiller à ce que les citoyens puissent se rassembler et exprimer leurs opinions de manière pacifique », a rappelé John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
« Il est impératif qu’une enquête impartiale soit menée dès que possible sur les violations attribuées à la police antiémeutes, et que les auteurs présumés d’infractions répondent de leurs actes devant la justice. »
D’après l’Ordre des médecins d’Istanbul, au moins 30 personnes ont été blessées lundi 8 juillet ; en particulier, un jeune homme de 17 ans présentant des lésions à la tête après avoir été heurté par une grenade lacrymogène se trouve dans un état critique.
Lundi 8 juillet, le parc Gezi, dans le quartier de Taksim, a brièvement été ouvert au public après avoir été fermé pendant trois semaines.
Hüseyin Avni Mutlu, le gouverneur d’Istanbul, a rouvert le parc vers 15 heures ; des militants et des membres du public l’ont progressivement rempli. Taksim Solidarité avait convoqué une réunion publique dans le parc à 19 heures. Cependant, à 18 heures, des policiers ont annoncé aux personnes présentes qu’elles devaient quitter les lieux. Peu après, ils ont envoyé du gaz lacrymogène et tiré des balles en plastique sur la foule.
Cette opération de police a ensuite débordé dans les zones environnantes, notamment la rue Istiklal, une artère commerçante très fréquentée, et s’est poursuivie jusqu’au petit matin.
« Le comportement de la police sur la place Taksim et aux alentours, dans la nuit de lundi à mardi, marque un retour regrettable aux tactiques qui ont précisément été à l’origine de la récente vague de protestation ayant balayé la Turquie. Il semble que les autorités turques soient toujours aussi déterminées à empêcher l’expression d’opinions dissidentes sur la place Taksim », a observé John Dalhuisen.
Parmi les personnes arrêtées figurent des membres de Taksim Solidarité, notamment Ali Çerkezoðlu, secrétaire général de l’Ordre des médecins d’Istanbul, et Mücella Yapýcý, secrétaire de la Chambre des architectes. Ils n’ont pas encore été inculpés, mais doivent comparaître mercredi 10 juillet.