Turquie. Au lendemain de la tentative de coup d’État, il faut respecter les droits humains

La Turquie est encore sous le choc des violences survenues dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 juillet, alors que le coup d’État organisé par une partie de ses forces armées a échoué. Selon les autorités, 161 personnes qui se sont opposées à cette tentative et plus de 100 putschistes ont été tués. Au milieu de l’après-midi de ce samedi 16 juillet, 2 839 militaires soupçonnés d’y avoir participé avaient été arrêtés. Les violences se sont déroulées à Ankara, où le Parlement a été bombardé par des avions, et à Istanbul, la plus grande ville du pays. D’après les informations dont on dispose, des personnes sont mortes lors des affrontements qui ont opposé des civils à des soldats.

La Turquie a déjà connu plusieurs coups d’État militaires, aux conséquences désastreuses pour les droits humains, et garde encore des séquelles du dernier qu’elle a subi, le 12 septembre 1980. Les trois années de régime militaire répressif qui ont suivi ont été marquées par des centaines de milliers de détentions arbitraires, l’utilisation généralisée de la torture, des exécutions extrajudiciaires et 50 exécutions.

Les autorités turques ont évité qu’une telle tragédie se produise à nouveau. Si le coup d’État a avorté, c’est en partie grâce à de simples citoyens qui sont descendus dans la rue et ont uni leurs efforts pour contrecarrer cette menace. Les circonstances exactes de cette tentative et les violences qui ont suivi doivent faire l’objet d’une enquête efficace, et tous les responsables présumés doivent comparaître en justice dans le cadre de procès équitables.

Certains membres du gouvernement et représentants du parti au pouvoir se sont dits en faveur du rétablissement de la peine capitale, châtiment utilisé par d’anciens dirigeants militaires. Il ne faut pas prendre cette mesure, qui marquerait un retour en arrière. Il ne faut pas non plus imposer de nouvelles restrictions à l’expression légitime d’opinions dissidentes.

Les pouvoirs publics turcs devraient au contraire chercher à renforcer le respect de l’état de droit et des droits humains ainsi que l’indépendance et l’efficacité des institutions turques, notamment des institutions judiciaires, garantes de ce respect de l’état de droit et des droits humains.