Salvador. Une victime de viol condamnée à 30 ans de prison en vertu d’une loi anti-avortement extrême

Une victime de viol de 19 ans, qui a souffert de complications liées à sa grossesse, a été condamnée à 30 ans de prison pour " homicide avec circonstances aggravantes " : cette affaire illustre à quel point il est urgent que le Salvador abroge sa loi anti-avortement rétrograde, a déclaré Amnesty International.

La loi contre l’avortement au Salvador est synonyme de douleur et de souffrance pour de nombreuses femmes et jeunes filles, et pour leurs familles. Elle va à l’encontre des droits humains et n’a pas sa place au Salvador ni nulle part ailleurs, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.

" L’interdiction totale de l’avortement au Salvador bafoue les droits des femmes à la vie, à la santé, à la vie privée et à une procédure légale, ainsi que le droit de ne pas être exposées à des discriminations ni à des violences, et de ne pas être soumises à la torture ni aux mauvais traitements. Toutes les femmes et les jeunes filles emprisonnées pour avoir pratiqué un avortement ou avoir souffert d’urgences obstétriques doivent être libérées immédiatement et sans condition, et la loi doit être abrogée sans délai. "

Evelyn Beatriz a été admise dans un centre de santé à Cojutepeque, au nord de San Salvador, le 6 avril 2016, après s’être évanouie chez elle. Elle avait commencé à accoucher, mais ignorait qu’elle était enceinte. Selon des organisations locales, Evelyn avait été violée quelques mois auparavant, mais ne l’avait pas signalé à la police, par peur de représailles. Des employés de l’hôpital ont signalé Evelyn Beatriz aux autorités.

Conduite devant les tribunaux, elle a été condamnée le 5 juillet 2017 à 30 ans de prison pour " homicide avec circonstances aggravantes ". Ses avocats font appel de sa condamnation.

Complément d’information

L’avortement est illégal en toutes circonstances au Salvador depuis 1998, même si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste ou si la vie ou la santé de la femme ou de la jeune fille enceinte est en danger. Beaucoup de femmes et de jeunes filles ont perdu la vie ou ont été emprisonnées à cause de cette interdiction totale de l’avortement.

Le cadre juridique actuel contraint les femmes et les jeunes filles à recourir à un avortement dangereux pour sauver leur vie, et crée un climat de suspicion autour des femmes qui font une fausse couche ou souffrent d’autres complications obstétriques. En conséquence, des femmes qui ont des complications durant leur grossesse sont poursuivies en justice et déclarées coupables de " meurtre avec circonstances aggravantes ", et condamnées à des peines allant jusqu’à 40 ans d’emprisonnement.