Le verdict de culpabilité prononcé vendredi 21 février 2014 à l’encontre des accusés poursuivis dans l’affaire de la manifestation de la place Bolotnaïa est une terrible injustice, a déclaré Amnesty International. À l’issue de ce que l’on peut clairement qualifier de procès-spectacle, un tribunal de Moscou a déclaré coupables huit accusés dans cette affaire. Leurs peines devraient être annoncées lundi 24 février. Pendant le procès, près de 200 manifestants pacifiques et journalistes rassemblés autour du tribunal auraient été interpelés par la police, dont Vladimir Akimenkov, lui-même ex-accusé dans cette affaire et ancien prisonnier d’opinion. Certains ont depuis été libérés mais encourent des amendes pouvant aller jusqu’à 30 000 roubles (environ 600 euros) pour « participation à un rassemblement non autorisé ». « Ce qui s’est passé place Bolotnaïa le 6 mai 2012 n’était pas la répression d’une émeute, mais celle d’une manifestation. Le procès de l’affaire Bolotnaïa n’a pas révélé de violence orchestrée, mais a mis en lumière un système judiciaire entièrement soumis aux ordres de ses maîtres politiques », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Les accusés dans cette affaire ont été confrontés à un recours abusif à la force de la part de la police. Certains ont cherché à empêcher la violence, d’autres à se protéger. Quelques-uns ont été arrêtés simplement parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Tous sont les victimes d’un procès-spectacle motivé par des considérations politiques. « Contrairement à la version officielle, il n’y a pas eu d’émeutes de grande ampleur. Il y a eu de la violence, mais elle provenait principalement des policiers. Or, à ce jour, aucun policier n’a été traduit en justice pour ces actes. » Amnesty International demande la libération immédiate et sans conditions de Stepan Zimine, Artiom Saviolov, Denis Loutskevitch, Alexeï Polikhovitch, Sergueï Krivov et Yaroslav Beloussov. Ils sont des prisonniers d’opinion et toutes les charges retenues contre eux doivent être abandonnées. Deux autres coaccusés, Alexandra Doukhanina (Naumova) et Andreï Barabanov, ont été victimes de la même injustice. Leurs condamnations pour participation à des émeutes de grande ampleur doivent être annulées. Les verdicts dans l’affaire Bolotnaïa s’inscrivent dans le cadre d’une répression générale de la liberté de réunion, d’association et d’expression engagée depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence russe le 7 mai 2012. La manifestation de la place Bolotnaïa s’était tenue la veille de cette date pour protester contre son retour controversé au pouvoir. Amnesty International appelle les autorités russes à abroger les lois restreignant les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association adoptées depuis que Vladimir Poutine est de nouveau à la tête du pays.