Pakistan. L’exécution n’est pas un moyen de rendre justice pour le meurtre de Salman Taseer

Ôter une autre vie n’est pas un moyen de rendre justice pour le meurtre de Salman Taseer ; le Pakistan doit immédiatement instaurer un moratoire sur les exécutions, première étape en vue de l’abolition de la peine capitale, a déclaré Amnesty International le 29 février 2016.

Mumtaz Qadri, garde du corps de l’ex-gouverneur du Pendjab Salman Taseer, a été pendu aujourd’hui, 29 février, à la prison d’Adiala à Islamabad, après avoir été déclaré coupable de meurtre. Mumtaz Qadri a reconnu avoir assassiné Salman Taseer en janvier 2011 parce que celui-ci s’opposait aux lois relatives au blasphème au Pakistan.

« Salman Taseer était une voix courageuse pour la tolérance religieuse au Pakistan et son meurtrier doit être déféré à la justice, mais perpétrer d’autres meurtres est un piteux moyen de rendre hommage à la vie de Salman Taseer et au message qu’il a porté. La peine de mort est toujours une violation des droits humains, quelles que soient les circonstances ou la nature du crime commis, a déclaré Champa Patel, directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Asie du Sud.

« S’il est positif que le gouvernement s’engage à combattre l’extrémisme religieux et prenne des mesures dynamiques visant à traduire en justice  les responsables présumés de violences, ôter la vie aux coupables ne fait que perpétuer le cycle de la violence.

« Les autorités ont exécuté plus de 300 personnes en un peu plus de 14 mois. Le Pakistan doit instaurer immédiatement un moratoire sur les exécutions, en vue d’abroger la peine capitale. »

Complément d’information

Des manifestations ont eu lieu à travers tout le Pakistan aujourd’hui contre la pendaison de Mumtaz Qadri. Amnesty International exhorte les autorités à faire en sorte que les forces de sécurité ne recourent pas à la force et ne le fassent que si des moyens non violents sont inefficaces pour contenir des actes violents ou des menaces de violence de la part des manifestants ; en cas d’usage de la force, elle doit être nécessaire et proportionnée pour contenir cette violence, et être dirigée uniquement contre les individus représentant une menace.  Les autorités doivent respecter le droit de manifester pacifiquement.

Les lois pakistanaises relatives au blasphème alimentent l’intolérance et une simple accusation suffit parfois à risquer d’être lynché par la foule. Chacun dans ce pays, qu’il soit musulman, chrétien ou membre d’un autre groupe religieux minoritaire, est exposé. Amnesty International exhorte les autorités pakistanaises à réformer ces lois pour les aligner sur le droit international et les normes internationales.