Manifestations pour la justice raciale suite à la mort de George Floyd lors d'un violent affrontement avec la police dans le Minnesota. Centre de Washington, DC, États-Unis, 3 juin 2020. © Amnesty International (Photo: Alli Jarrar)

Les États européens doivent prendre des mesures concrètes afin d’aider à la fermeture de Guantánamo

A l’occasion du 8ème anniversaire depuis l’ouverture de Guantanamo, des organisations de renom spécialisées dans la défense des droits humains ont demandé que davantage d’États européens accueillent sur leur sol des détenus incarcérés au centre de détention américain de Guantánamo, qui ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine car ils risquent d’y être soumis à la torture et à d’autres violations des droits humains. Amnesty International, Reprieve et Center for Constitutional Rights ont exhorté d’autres pays, dont l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et la Suède à faire davantage pour permettre le transfert d’une cinquantaine d’hommes qui restent pris au piège après des années de détention illégale. « Bien que plusieurs pays aient déjà montré l’exemple, il est décevant de constater que seuls quelques gouvernements européens ont pris la décision d’aider ceux qui ont besoin de protection, a déploré Frank Wies, président d’Amnesty International Luxembourg. Parmi les gouvernements les moins actifs sur ce terrain figurent ceux qui ont réclamé avec le plus de vigueur la fermeture de Guantánamo. » Reprieve, le Center for Constitutional Rights et l’ancien détenu de Guantánamo Moazzam Begg, de l’organisation Cage Prisoners, donnent aujourd’hui le coup d’envoi d’une tournée européenne ayant pour objectif de convaincre davantage de pays de donner à ces hommes une terre d’accueil. Cette tournée passera par diverses sections nationales d’Amnesty International. La seule raison pour laquelle ces hommes sont maintenus en détention tient au manque de lieux sûrs pour les accueillir. Ils ont tout simplement été abandonnés à Guantánamo. Leur difficile situation représente l’un des principaux obstacles à la fermeture du centre de détention. Plusieurs pays européens ont déjà pris la décision honorable de proposer un refuge à certains de ces détenus, conformément aux objectifs affichés lors de l’accord conclu entre les États-Unis et l’Union européenne à propos de la fermeture de Guantánamo. Ces pays sont la Belgique, la France, la Hongrie, l’Irlande et le Portugal. En cette date événement, les groupes de défense des droits humains exhortent les autres États à leur emboîter le pas. Ces hommes sont originaires de pays tels que la Chine, la Libye, la Russie, la Syrie et la Tunisie, où ils risqueraient fortement d’être soumis à la torture ou à d’autres violations de leurs droits fondamentaux s’ils y étaient renvoyés. Le gouvernement américain recherche des pays sûrs, prêts à donner à ces hommes une chance de reconstruire leur vie ; c’est à lui qu’échoit en priorité la responsabilité de trouver des solutions pour l’ensemble des détenus de Guantánamo. La communauté internationale, qui a à de nombreuses reprises demandé la fermeture de ce centre de détention, peut cependant aider à atteindre ce but en accueillant certains de ces hommes. Guantánamo reste un sinistre symbole d’injustice. Les groupes de défense des droits humains ont fait part de leur préoccupation à l’idée que le centre de détention reste ouvert au-delà du 22 janvier 2010, alors que le président américain Barack Obama s’était engagé à le fermer avant cette date. Si d’autres pays européens ne se portent pas volontaires dès maintenant pour aider à atteindre cet objectif, certains des détenus les plus vulnérables risquent fort d’être renvoyés de force dans un pays où ils pourraient être victimes de violations. « La décennie écoulée a été marquée par l’érosion de l’état de droit et du respect international pour les droits humains. Guantánamo symbolise toutes ces dérives et doit désormais être fermé, a déclaré Sophie Weller du Center for Constitutional Rights. Les hommes qui s’y trouvent encore faute de pays d’accueil sûr continuent chaque jour à payer le prix de l’inaction et du retard enregistré dans la réalisation de cet objectif. » « De nombreux gouvernements européens se sont élevés contre le maintien en détention de ces hommes à Guantánamo Bay. Ils ont désormais le pouvoir de faire quelque chose pour y remédier, a ajouté Polly Rossdale de Reprieve. L’action a plus de poids que les mots dans ce cas ; il est donc temps de traduire les beaux discours en actes et d’obtenir la fermeture de Guantánamo le plus rapidement possible. » Informations générales Les organisations de défense des droits humains saluent les actions menées par les pays (Belgique, France, Hongrie, Irlande, Portugal) ayant déjà accepté d’apporter leur concours, mais ont fait part de leur déception face au fait que les autres n’aient pas pris de mesures concrètes en accord avec la déclaration des États-Unis et de l’Union européenne sur la fermeture de Guantánamo Bay. Cette déclaration, rendue publique le 16 juin 2009, faisait état de la volonté de certains États membres de l’Union européenne d’aider à l’accueil d’anciens détenus, au cas par cas. Près de sept mois après cette déclaration, seuls sept anciens détenus ont été accueillis en Europe comme des hommes libres. Dix autres ont été envoyés aux Bermudes et aux Palaos, et deux transférés vers l’Italie où ils pourraient être rejugés. Quelque 50 autres ont encore besoin de protection. La tournée inclura des visites dans un certain nombre de pays européens – dont le Luxembourg, la Suède et l’Allemagne – susceptibles de réserver un accueil sûr et adapté à des détenus de Guantánamo, donnant ainsi une chance à ces derniers de reconstruire leur vie. Les organisations demanderont également aux responsables gouvernementaux de pays ayant déjà pris des détenus en charge de partager leur expérience, ainsi que des exemples de bonnes pratiques, avec leurs homologues de pays envisageant peut-être de faire de même. En tout, 198 personnes sont toujours détenues à Guantánamo.