Toute nouvelle intervention au Moyen-Orient doit s’accompagner de mesures visant à remédier à la souffrance des civils syriens, a déclaré mardi 23 septembre 2014 une coalition mondiale de 39 grandes organisations humanitaires et de défense des droits humains.
À la veille de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, la coalition #AvecLesSyriens, dont font partie Save the Children et Amnesty International, exhorte les dirigeants du monde, quel que soit le camp qu’ils soutiennent dans le conflit, à faire clairement savoir qu’ils sont du côté des civils. Ils doivent user de leur influence pour garantir que le droit international soit respecté et que les attaques contre les civils, y compris contre les écoles, les hôpitaux et les abris, cessent. Selon l’ONU, les attaques directes, disproportionnées et menées sans discrimination par des groupes de tous les camps, sont responsables de la majorité des victimes parmi la population civile, et empêchent dans certaines régions les organismes humanitaires de venir en aide à ceux qui en ont désespérément besoin.
"Les dirigeants du monde doivent décider cette semaine de la manière dont ils vont tenir leur promesse faite en février et s’unir pour mettre fin aux attaques contre les civils et garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à destination de tous les Syriens qui en ont besoin, a déclaré David Miliband, président et directeur exécutif du Comité international de secours, membre de la coalition #AvecLesSyriens. Le monde ne doit pas tourner le dos au peuple syrien, qui subit des attaques aveugles et directes depuis plus de trois ans."
En février 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU, qui regroupe les grandes puissances du globe, a voté à l’unanimité pour mettre fin aux attaques directes et indiscriminées contre les civils en Syrie et veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne aux millions de personnes qui en ont besoin. Six mois plus tard, le pays est plongé dans un chaos sans précédent, avec plus de 1 500 groupes armés actifs, et les combats se propagent dans le nord de l’Irak. Depuis février, la seule ville d’Alep a été la cible de plus de 650 frappes majeures.
"Le monde est horrifié, à juste titre, par l’évolution de la situation en Irak et en Syrie. Mais ce n’est pas une stratégie militaire qui répondra à la détresse quotidienne des millions de Syriens subissant d’inimaginables souffrances et pertes, et vivant chaque jour dans la peur, a déclaré Rola Hallam, de Hand in Hand for Syria, une association caritative qui opère dans des zones gravement touchées en Syrie. J’ai vu la désolation causée par le bombardement d’écoles et d’hôpitaux où des familles avaient trouvé refuge. C’est terrifiant, c’est immoral et cela doit cesser."
La situation est devenue désespérée, en partie parce que "les assassins, les destructeurs et les tortionnaires de Syrie" ont été enhardis et encouragés par la paralysie internationale, a déclaré Navi Pillay, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme qui a terminé son mandat fin août.
La coalition regroupant des organisations de 27 pays du globe a lancé une pétition pour demander aux dirigeants de préciser les mesures diplomatiques qu’ils vont mettre en œuvre pour en finir avec les attaques menées sans discrimination, comme promis en février, et leur rappeler que si la fin du conflit semble incertaine, des vies peuvent être sauvées aujourd’hui. Une vidéo postée sur YouTube pour toucher une vaste audience comptabilise déjà près de 400 000 vues depuis son lancement la semaine dernière.
"Le déluge quotidien de bombardements aveugles ou délibérés sur des zones civiles blesse toute une génération, a déclaré Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH). Si les dirigeants réunis à New York cette semaine ne cherchent pas à enrayer le bain de sang, et à protéger les civils, nous sèmerons pour des décennies les graines de la souffrance et de la violence. Agir pour protéger les civils en Syrie est la meilleure chose à faire. Apprenons des erreurs du passé et trouvons des solutions aux causes profondes de l’instabilité dans la région – et pas seulement à ses retombées les plus terrifiantes."
L’accord de février, la résolution 2139, qui exigeait simplement que les parties au conflit respectent leurs obligations au titre du droit international, n’est pas appliquée. Elle fut saluée à juste titre comme une percée diplomatique, mais n’a pas débouché sur des changements notoires pour le peuple syrien, qui paie le prix de l’inaction du monde. Alors que l’attention de la communauté internationale se tourne vers la crise politique dans la région, la coalition #AvecLesSyriens engage les dirigeants à tenir la promesse faite en février par le Conseil de sécurité, et à protéger les civils.
David Miliband a conclu: "Pris au piège d’un conflit qu’ils n’ont pas provoqué, les Syriens meurent chaque jour. En tant qu’organismes humanitaires, notre mission est de les aider, mais les attaques incessantes des différents belligérants qui mettent également en péril notre personnel nous empêchent de venir en aide à tous les Syriens."