Manifestations pour la justice raciale suite à la mort de George Floyd lors d'un violent affrontement avec la police dans le Minnesota. Centre de Washington, DC, États-Unis, 3 juin 2020. © Amnesty International (Photo: Alli Jarrar)

La destruction par Israël de grands immeubles : des opérations massives, arbitraires et non justifiées

Les frappes aériennes qui ont visé de grands immeubles dans les derniers jours de l’opération Bordure protectrice menée par l’armée israélienne à Gaza en août 2014 sont des attaques directes et délibérées contre des constructions civiles et constituent des crimes de guerre, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public mardi 9 décembre.

Intitulé « Rien n’est à l’abri ». La destruction par Israël de grands immeubles à Gaza, ce document démontre que les attaques dirigées contre quatre grands immeubles dans les quatre derniers jours du conflit étaient contraires au droit international humanitaire. L’organisation y demande l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur ces attaques.

« Tous les éléments que nous avons rassemblés prouvent que cette destruction massive a été exécutée délibérément, sans justification militaire, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Le déroulement des attaques comme les déclarations faites à l’époque par des porte-parole de l’armée israélienne révèlent qu’elles ont été décidées à titre de sanction collective contre la population de Gaza et qu’elles visaient à détruire ses moyens de subsistance déjà précaires. »
Même si des militaires israéliens ont averti les habitants des immeubles visés qu’ils devaient évacuer les lieux avant leur destruction, plusieurs dizaines de personnes se trouvant dans des bâtiments voisins ont été blessées, et des centaines d’autres ont tout perdu : leurs logements, leurs fonds de commerce ou leurs bureaux et leurs effets personnels.  

Dans les quatre cas, les habitants paniqués ont quitté à la hâte les immeubles, sans avoir pu généralement emporter d’affaires, par exemple leurs papiers, leurs bijoux ou leurs économies.

Après l’attaque, il n’est resté que le squelette de béton armé du Centre commercial municipal de la ville de Rafah, qui abritait une galerie marchande, un garage, plusieurs bureaux et un centre de santé. Les entreprises installées dans ce bâtiment pourvoyaient aux besoins de centaines de familles, qui rencontrent aujourd’hui des difficultés pour vivre dans des conditions décentes. Hormis de vagues affirmations laissant entendre qu’un centre de commandement du Hamas se trouvait dans l’un des immeubles démolis et qu’un autre abritait des « équipements liés aux militants palestiniens », les autorités israéliennes n’ont fourni aucune information expliquant pourquoi elles avaient entièrement détruit quatre bâtiments.

« Même si les autorités israéliennes avaient de bonnes raisons de croire qu’une partie d’un immeuble visé était utilisée à des fins militaires, elles avaient l’obligation de choisir des moyens et des méthodes d’attaque limitant au maximum les dommages aux civils et à leurs biens, a déclaré Philip Luther. L’armée israélienne avait déjà mené des frappes aériennes contre des appartements précis de tours d’habitation sans pour autant les détruire entièrement. »

Amnesty International a transmis les résultats de ses recherches sur ces raids aériens aux autorités israéliennes, et leur a demandé de lui indiquer pourquoi chacune de ces attaques avait été menée ; quels étaient les personnes ou les biens visés ; quelles précautions avaient été prises pour réduire les risques encourus par les civils ; et si une enquête avait eu lieu ou était en cours.

Seul le contrôleur de l’État – qui exerce des fonctions de médiateur – a répondu, expliquant simplement le champ de ses investigations sur l’opération Bordure protectrice. Les pouvoirs publics qui auraient pu réellement répondre à ces questions sont restés muets.

Des violations du droit international humanitaire imputées à Israël, au Hamas et aux groupes armés palestiniens pendant le conflit ont été recensées par Amnesty International, qui les condamne systématiquement. Ce rapport et un autre document rendu public en novembre, Des familles sous les décombres. Les attaques israéliennes contre des habitations, traitent des attaques israéliennes, mais une autre publication actuellement en cours de rédaction sera axée sur les violations commises par le Hamas.

Jusqu’à présent, les enquêtes sur les atteintes présumées au droit international perpétrées par les forces israéliennes ou palestiniennes dans la bande de Gaza et en Israël n’ont pas brillé par leur indépendance, leur exhaustivité ou leur impartialité.

Amnesty International demande à ce que la commission d’enquête établie par les Nations unies puisse mener à bien ses investigations, sans entraves. Elle engage aussi les autorités israéliennes à ne plus empêcher ses chercheurs et d’autres organisations de défense des droits humains de se rendre à Gaza.

« Une enquête indépendante et impartiale doit être menée sur les crimes de guerre qui auraient été commis, et les auteurs présumés de ces actes doivent être traduits en justice, dans le respect des normes d’équité des procès. Les personnes dont le logement et les moyens de subsistance ont été détruits illégalement méritent. »

Génocide à Gaza

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