Compte tenu des violences dont des manifestants ont récemment été victimes, la décision du gouvernement égyptien de charger les forces de sécurité de faire cesser tous les sit-ins pro-Morsi au Caire et aux alentours fait craindre de nouvelles effusions de sang, a déclaré Amnesty International.
« Étant donné le bilan des forces égyptiennes en matière de maintien de l’ordre dans le cadre des manifestations, en particulier la banalisation de leur recours excessif et injustifié à la force meurtrière, cette dernière déclaration en date leur donne toute latitude pour commettre de nouvelles violations », a déploré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Les autorités et les forces de sécurité doivent commencer par adopter une démarche visant à éviter le recours à la force, et qui soit fondée sur les " méthodes de persuasion, de négociation et de médiation ", ainsi que le recommandent les normes internationales. »
Plus tôt dans la journée du 31 juillet, le gouvernement égyptien a déclaré lors d’une allocution télévisée que les sit-ins de partisans du président Morsi dans l’agglomération du Caire sont désormais considérés comme une « menace à la sécurité nationale ».
Il n’a cependant pas précisé quelles mesures seraient prises afin de limiter les affrontements violents et de veiller à ce que personne ne soit grièvement blessé ni tué.
La semaine dernière, les forces de sécurité égyptiennes ont réprimé des manifestations à proximité du lieu d’un sit-in pro-Morsi, à Rabaa al Adawya. Elles ont tiré à balles réelles, faisant 80 morts.
« Les forces de sécurité ne doivent pas recourir aux armes à feu à moins qu’il n’y ait une menace imminente de mort ou de blessure grave », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui.
Ces dernières semaines, des sympathisants du président Morsi ont eux aussi commis des actes violents, employant notamment la torture et des armes à feu.
« Le fait que certains manifestants recourent à la violence ne doit pas servir de prétexte aux autorités pour empêcher les autres d’exercer leur droit de manifester de manière pacifique. C’est là un droit fondamental, que les autorités égyptiennes sont tenues de respecter. La décision de disperser un rassemblement ne doit être prise qu’en dernier ressort. »
Toute information faisant état d’actes de violence doit donner lieu à une enquête impartiale et indépendante. »