Irlande. Un sondage indique qu’une majorité des deux-tiers se prononce pour la dépénalisation de l’avortement

Le gouvernement irlandais doit organiser un référendum sur l’avortement

Le gouvernement irlandais est soumis à une pression croissante pour réformer sa législation relative à l’avortement, l’une des plus restrictives au monde, a déclaré Amnesty International mercredi 8 juillet alors qu’elle publie les résultats d’un sondage sur l’opinion de la population vis-à-vis de l’avortement en Irlande.

Ce sondage, réalisé pour Amnesty International par RED C Research and Marketing, révèle que la majorité de la population en Irlande ignore que l’avortement constitue une infraction pénale. Une forte majorité est opposée aux sanctions pénales qu’encourent les femmes qui avortent, ou les médecins qui pratiquent un avortement.

À la question concernant la dépénalisation de l’avortement par le gouvernement irlandais, 67% des personnes interrogées répondent oui, et 25% non. 81% se prononcent en faveur d’un élargissement des motifs autorisant un accès légal à l’avortement en Irlande.

« Il est clair que l’opinion des Irlandais sur l’avortement a radicalement changé. Ils se montrent aujourd’hui globalement plus compréhensifs quant aux situations que les femmes traversent et estiment qu’elles ne doivent pas être traitées comme des criminelles parce qu’elles subissent un avortement, a déclaré Colm O’Gorman, directeur exécutif d’Amnesty International Irlande.

« Ce sondage révèle que sur la question de l’avortement, les citoyens en Irlande ont une longueur d’avance sur leurs gouvernants. Le débat que l’Irlande doit mener sur l’avortement est délicat, mais il doit avoir lieu.

« Le gouvernement irlandais doit soumettre cette question à la population de manière prioritaire. La dépénalisation de l’avortement est une obligation en termes de droits humains, mais c’est surtout ce que souhaite le peuple d’Irlande. Cela suppose d’abroger le 8e amendement de la Constitution », a déclaré Colm O’Gorman.

Voici les principaux résultats du sondage :

  • 64 % des personnes interrogées ignorent que l’avortement est un crime en Irlande lorsque la vie de la femme n’est pas en danger.
  • Moins d’une personne sur 10 (9 %) sait qu’un avortement illégal en Irlande est puni d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement.
  • Seules 7 % des personnes interrogées approuvent le fait que les femmes encourent 14 ans de prison pour avoir subi un avortement illégal.
  • Seules 13 % des personnes interrogées approuvent le fait que les médecins qui pratiquent un avortement illégal encourent jusqu’à 14 ans de prison.
  • 71 % estiment que le fait de considérer l’avortement comme un crime ajoute à la détresse et à la stigmatisation que ressentent les femmes ayant recours à l’avortement.
  • 65 % des personnes interrogées estiment que l’interdiction de l’avortement en Irlande pousse les femmes à se tourner vers des pratiques dangereuses.
  • 68% estiment que cette interdiction n’empêche pas la plupart des femmes qui souhaitent avorter de le faire.

D’après ce sondage, 70 % des personnes interrogées pensent que les femmes ont le droit fondamental d’accéder à l’avortement, lorsque leur vie et leur santé sont menacées et en cas de viol, d’inceste ou de malformation fœtale grave et mortelle. Le 24 juin 2015, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU a rappelé ce droit et invité l’Irlande à réviser ses lois sur l’avortement afin de les rendre conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.

« Ce sondage révèle que 81 % des personnes interrogées sont favorables à un accès à l’avortement élargi par rapport à la position juridique actuelle de l’Irlande – dont 36 % qui estiment que l’avortement devrait être autorisé lorsque la vie ou la santé de la femme est menacée, en cas de viol, d’inceste ou de malformation fœtale grave et mortelle, et 45 % qui iraient plus loin en autorisant les femmes à avoir accès à l’avortement selon leur choix. 9 % sont en faveur d’un accès autorisé uniquement lorsque la vie de la mère est en danger, ce qui correspond à la législation en vigueur, a déclaré Bryan Cox, directeur de Red C Research and Marketing.

« Nous avons été frappés par le très petit nombre de personnes sondées qui ont refusé de répondre aux questions ou n’avaient pas d’opinion. Il est clair que les Irlandais ont des opinions et qu’ils souhaitent les exprimer. »