La victoire d’Hassan Rouhani, un dignitaire religieux âgé de 64 ans, à l’élection présidentielle en Iran, fournit une occasion nouvelle de lutter contre les violations des droits humains dans ce pays, a déclaré Amnesty International lundi 17 juin.
Hassan Rouhani, décrit comme modéré et pragmatique, a pris durant sa campagne électorale plusieurs engagements afin d’améliorer le très mauvais bilan de l’Iran sur le terrain des droits humains. Il faudra qu’il rende des comptes au cours des prochains mois.
Il prévoit ainsi de rendre publique une « charte des droits civils » appelant à l’égalité pour tous les citoyens, dans le but de mettre fin aux discriminations se fondant sur la race, la religion ou le genre. Ce texte préconiserait par ailleurs une liberté accrue pour les partis politiques et aux minorités, et le respect des droits à un procès équitable, à la liberté de réunion et à une protection juridique pour tous.
« Cette charte, si le projet se concrétise et si elle est appliquée, permettra de faire un premier pas en avant décisif en faveur des droits humains en Iran », a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Les gens ne veulent pas de promesses vides ni de discours creux. Ils attendent au contraire des mesures concrètes. À commencer par la libération des prisonniers politiques, notamment les dirigeants de l’opposition Mir Hossein Mousavi et Mehdi Karroubi, comme les Iraniens l’ont répété dans la rue après l’annonce des résultats de l’élection. »
« À l’occasion de son premier discours lundi 17 juin, le président élu, Hassan Rouhani, a déclaré qu’il n’oubliera jamais les promesses qu’il a faites au peuple iranien. Amnesty International suivra de près les actes du président afin de s’assurer qu’il tienne parole. »
Le président élu a critiqué la ségrégation liée au genre dans les établissements scolaires, et a par ailleurs fait plusieurs promesses concernant l’amélioration de la situation des droits des femmes en Iran, notamment en proposant de nouveaux projets de loi sur les femmes, en établissant le premier ministère iranien de la Femme, et en garantissant la parité, notamment sur le terrain des opportunités professionnelles.
Hassan Rouhani a en outre mis l’accent sur l’importance de la liberté d’expression – notamment en condamnant les restrictions à l’usage d’Internet –, et sur la nécessité d’autoriser l’expression de critiques à l’égard du gouvernement, afin de favoriser de véritables progrès.
À la suite de sa victoire électorale, des sympathisants ont scandé des slogans en faveur des dirigeants de l’opposition Mir Hossein Mousavi et Mehdi Karroubi. Ces deux politiciens ont été placés en résidence surveillée par les autorités iraniennes après avoir appelé à manifester en signe de solidarité avec les soulèvements antigouvernementaux en Égypte et en Tunisie, en 2011. Les groupes de défense des droits humains et les Nations unies ont demandé leur libération à maintes reprises.
« L’élection d’Hassan Rouhani représente une opportunité pour les autorités de réévaluer l’importance du respect de l’état de droit. Elles doivent immédiatement relâcher l’ensemble des prisonniers d’opinion, et mettre fin au harcèlement visant les défenseurs des droits et les journalistes, ainsi que leurs proches », a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui.
« Hassan Rouhani a la possibilité de véritablement faire bouger les choses pour les Iraniens. Reste à voir si, et dans quelle mesure, il tiendra ses promesses électorales et mènera de véritables réformes. »
Comme première étape tout aussi symbolique que concrète vers la réalisation de ces promesses, Amnesty International engage Hassan Rouhani et les autorités iraniennes à coopérer avec les mécanismes de défense des droits humains des Nations unies, notamment en autorisant immédiatement le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans la République islamique d’Iran à se rendre dans le pays.