Le 11 janvier 2002, le centre de détention américain de Guantánamo Bay a accueilli les premiers prisonniers de « la guerre contre le terrorisme », menée par les États-Unis en réponse aux attentats du 11 septembre 2001. Cette prison avec ses cagoules et ses combinaisons orange, ses cages et ses palissades de fil barbelé, allait bientôt devenir le symbole de la détention arbitraire, des « restitutions », de la torture et d’autres mauvais traitements, et de l’incapacité globale des autorités américaines à respecter les droits humains des détenus. 10 ans après, plus de 150 hommes y sont toujours incarcérés sans inculpation, ni jugement pour une durée indéterminée malgré la promesse faite par le Président Barack Obama de fermer le centre de détention de Guantánamo avant le 22 janvier 2010. Les prisonniers qui ont été inculpés risquent d’être jugés de manière inéquitable par des commissions militaires, et certains pourraient encourir la peine de mort s’ils sont reconnus coupables. D’après le gouvernement, même ceux qui seront déclarés non coupables pourraient être de nouveau détenus pendant une période indéterminée. Il n’y a pour ainsi dire ni obligation de rendre des comptes ni réparation pour les violations des droits humains dont ils sont, ainsi que d’autres détenus, victimes. Dans un rapport publié à l’occasion de ce triste anniversaire, Guantánamo : A Decade of Damage to Human Rights, Amnesty International met en lumière le traitement illégal infligé aux prisonniers de Guantánamo et expose brièvement en quoi ce centre de détention constitue encore une atteinte aux droits humains. Le rapport constate ainsi que 12 prisonniers transférés à Guantánamo le 11 janvier 2002 y sont toujours détenus. L’un d’entre eux purge une peine de réclusion à perpétuité après avoir été déclaré coupable par une commission militaire en 2008. Les 11 autres n’ont toujours pas été inculpés. Il démontre également qu’en 10 ans, seul un des 779 détenus incarcérés à la base a été transféré aux États-Unis pour être jugé devant un tribunal fédéral de droit commun. D’autres ont comparu devant des commissions militaires dans le cadre de procès iniques. Le gouvernement a aujourd’hui l’intention de requérir la peine de mort contre six détenus jugés dans ces conditions. Les autorités américaines ont aussi affirmé en janvier 2010 qu’une cinquantaine de détenus de Guantánamo ne pouvaient être ni inculpés ni libérés, mais devaient être maintenus en détention militaire pour une durée indéterminée, sans inculpation ni jugement, au titre de l’interprétation unilatérale que font les États-Unis des lois de la guerre. Or, sur la scène mondiale, le gouvernement américain est souvent parmi les premiers à juger d’autres pays sur leurs politiques en matière des droits humains, mais il bégaye lorsqu’il doit aborder son propre comportement. Le président Barack Obama a promis de placer les droits humains au cœur de sa stratégie de lutte contre le terrorisme ; force est de constater que les États-Unis sont encore loin d’honorer cet engagement. Dans le cadre des élections présidentielles en novembre 2012, cette année sera une occasion de remettre la question de l’avenir de Guantánamo au centre des débats publics et politiques. C’est le moment de montrer au président actuel et aux candidats aux primaires du parti républicain que les prisonniers à Guantánamo n’ont pas été oubliés et que nombreux sont ceux qui sont prêts à lutter contre les atteintes inacceptables et systématiques aux droits humains dont ils sont victimes.
A cette fin, Amnesty International Luxembourg a organisé une action de sensibilisation le samedi 7 janvier à la Place Piquet à Luxembourg-Ville. L’objectif de cette action était de rappeler aux passants la dérive humaine que Guantánamo incarne depuis désormais une décennie. Les personnes intéressées avaient la possibilité de montrer leur désaccord avec la politique américaine en votant symboliquement pour une fin des détentions à Guantánamo. A l’issue de cette action, les militants d’AI-Luxembourg ont réussi à collecter 220 signatures en faveur de la fermeture du centre de détention. Le public au Luxembourg pourrait se mobiliser en signant la pétition demandant la fin des détentions à Guantánamo au président Barack Obama sur le site www.amnesty.lu. Elle lui sera remise le 23 janvier 2012, un jour avant son discours sur l’état de l’Union.