L’arrestation d’un éminent défenseur de la liberté d’expression en Égypte dimanche 8 novembre témoigne de la détermination des autorités à poursuivre leur attaque contre le journalisme indépendant et la société civile, a déclaré Amnesty International.
Hossam Bahgat a été convoqué dimanche matin par les renseignements militaires pour être interrogé, semble-t-il sur les articles qu’il a écrits au sujet de l’armée égyptienne – qu’elle considère comme une menace pour sa sécurité. Amnesty International a appris qu’il était inculpé par le procureur militaire, ce qui pourrait constituer une violation flagrante de son droit à la liberté d’expression.
« L’arrestation de Hossam Bahgat est un nouveau clou enfoncé dans le cercueil de la liberté d’expression en Égypte. Il est détenu et interrogé par le procureur militaire pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression. Il doit être libéré immédiatement et sans condition. Il faut abandonner les charges retenues contre lui, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
« L’armée égyptienne ne peut continuer à se considérer au-dessus des lois et exempte de toute critique. »
Les autorités égyptiennes se servent d’une loi antiterroriste draconienne pour réprimer la liberté d’expression, et harceler et intimider les militants et journalistes indépendants. Cette loi criminalise les journalistes qui publient des informations contredisant les communiqués et bilans du ministère de la Défense. Amnesty International craint que Hossam Bahgat ne soit inculpé et poursuivi au titre de cette loi.
Hossam Bahgat compte parmi les militants les plus en vue en Égypte. Il a fondé l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), organisation indépendante de défense des droits humains. En 2014, il a quitté l’EIPR pour rejoindre Mada Masr, un site d’informations en ligne, où il a publié une série d’enquêtes à propos de l’armée et des procès militaires.
Au mois d’octobre, Hossam Bahgat a publié un article sur la condamnation devant un tribunal militaire de 26 officiers accusés d’avoir fomenté un coup d’État. Il se fondait sur des documents officiels, notamment sur l’acte d’inculpation du procureur militaire, et sur les interviews des familles des officiers.
Les renseignements militaires ont adressé une convocation à Hossam Bahgat à son domicile à Alexandrie le 5 novembre pour qu’il se présente pour un interrogatoire le 8 novembre. Il s’est rendu dans leurs locaux à Nasr City, au Caire, à 9 heures, et n’en est pas reparti depuis. Il a été autorisé à passer un appel téléphonique de trois secondes à ses collègues pour les informer qu’il était inculpé par le procureur militaire et avait besoin d’un avocat.