Hassiba Hadj Sahraoui

Des milliers de personnes risquent d’être exécutées par pendaison après le retour honteux de ce châtiment au Pakistan

Des milliers de condamnés à mort risquent désormais d’être envoyés à la potence au Pakistan, le gouvernement ayant confirmé avoir modifié sa politique relative à la peine de mort en annonçant que les exécutions reprendraient pour l’ensemble des crimes punis par la peine capitale, a déclaré Amnesty International.

« Le retour honteux de ce châtiment n’est pas la bonne manière de résoudre les problèmes pressants du Pakistan sur le terrain de la sécurité et du maintien de l’ordre », a déclaré Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Trois personnes ont déjà été exécutées cette année pour des infractions qui n’étaient pas liées au terrorisme. L’annonce d’aujourd’hui est une confirmation effrayante de l’ampleur des exécutions envisagées par le gouvernement. »

En décembre dernier, les autorités pakistanaises ont partiellement levé le moratoire sur la peine de mort qui avait été adopté en 2008. À la suite d’un massacre à Peshawar, dont les victimes étaient en majeure partie des écoliers, l’assouplissement de l’interdiction a autorisé le recours à la peine de mort, mais uniquement dans les affaires de terrorisme.

Figurent cependant parmi les 24 condamnés exécutés au Pakistan au moins trois personnes dont les agissements présumés n’avaient rien à voir avec le terrorisme. La décision du 10 mars permettrait que l’on procède de nouveau à des exécutions pour l’ensemble des crimes passibles de la peine de mort.

Plusieurs milliers de personnes se trouveraient dans le quartier des condamnés à mort pour des infractions diverses au Pakistan. De nombreuses condamnations à mort y sont prononcées à l’issue de procès iniques caractérisés par l’absence d’assistance juridique et par l’admission de preuves pourtant irrecevables au regard du droit international.

« Le Pakistan est à contre-courant de la tendance mondiale, car la grande majorité des pays ont désormais rejeté la peine de mort en droit ou en pratique. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et il n’a pas été prouvé qu’il avait un effet dissuasif. Le recours à la peine de mort est toujours odieux, mais il suscite des préoccupations supplémentaires dans un pays comme le Pakistan, où les procès sont régulièrement iniques », a déclaré Rupert Abbott.

À l’heure actuelle, 140 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.