Le 10 octobre 2010 nous célébrions la huitième journée mondiale contre la peine de mort. Ce fut également une nouvelle occasion pour AI-Luxembourg de lancer un appel pour l’abolition de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant.
Avec l’abolition de la peine de mort au Burundi et au Togo en 2009, 95 pays du monde ont supprimé la peine capitale de leur législation. Seuls 18 des 58 Etats prévoyant la peine capitale dans leur législation exécutent des personnes dans la pratique. Amnesty International salue les efforts menés à l’échelle internationale pour mettre fin à la peine capitale, tout en rappelant qu’il reste du travail à faire pour atteindre l’objectif d’une abolition totale de ce châtiment. Selon les informations recueillies par l’organisation, 714 personnes ont été exécutées en 2009. Or, ce chiffre ne comprend pas les personnes exécutées en Chine, pays qui procède au plus grand nombre d’exécutions dans le monde. Dans les Amériques, les Etats-Unis sont le seul Etat à avoir procédé à des exécutions en 2009. Avec 52 exécutions, les Etats-Unis se trouvent à la cinquième place mondiale des pays ayant exécutés le plus de personnes. Seuls la Chine, l’Iran, l’Irak et l’Arabie Saoudite ont tué plus de personnes. Depuis 1977, les Etats-Unis ont exécuté plus de 1200 personnes et plus de 3200 prisonniers se trouvent actuellement dans le couloir de la mort. Malgré ce nombre élevé de condamnations à mort et d’exécutions, un fort mouvement abolitionniste se développe dans le pays. La majorité des exécutions est le fait d’un petit nombre d’Etats, comme le Texas, la Virginie et l’Oklahoma. Depuis 1999, les exécutions ont diminuées de moitié et désormais 15 Etats ont aboli la peine de mort et dix n’ont procédé à aucune exécution depuis au moins dix ans.
Pour cette 8ème édition de la journée internationale contre la peine de mort, Amnesty a choisi de donner un coup de projecteur sur la situation de la peine capitale aux Etats-Unis. A cette fin, la section luxembourgeoise d’Amnesty a donné rendez-vous au public luxembourgeois à Esch-sur-Alzette dans la rue d’Alzette, ce samedi 9 octobre pour participer à son action symbolique « 10.10.10 » représentant la date du 10 octobre 2010. Cette action, conçue grâce au dynamisme et à la motivation du « Groupe jeunes » d’AI-Luxembourg, avait pour but de faire connaître aux passants les dix arguments d’Amnesty contre la peine de mort, en particulier la peine de mort aux Etats-Unis, et de les inviter à soutenir le combat d’Amnesty en faveur de l’abolition de la peine capitale en détachant symboliquement d’une potence en bois, des pantins en papier. A l’issue de cette journée, les membres du « Groupe jeunes » ont rassemblé l’ensemble des pantins « sauvés » de la peine de mort pour réaliser un collage géant intitulé : « Mort à la peine de mort ».
Les jeunes militants d’Amnesty Luxembourg ont également collecté des signatures afin de demander à l’Etat de Géorgie de prendre les mesures nécessaires pour que Troy Davis, un afro-américain qui se trouve dans le couloir de la mort depuis 19 ans, ne soit pas exécuté. En 1991, celui-ci avait été reconnu coupable du meurtre du policier Mark MacPhail sur la base exclusive de neuf témoignages à charge. Depuis lors, sept des neuf témoins de l’accusation sont revenus sur leur déposition ou se sont contredits dans des déclarations sous serment. Le 24 août 2010, un dernier recours a été rejeté par la Cour suprême des Etats-Unis. Troy Davis peut encore faire appel, mais ses chances d’être un jour reconnu innocent sont maintenant très réduites. Malgré tous les doutes qui existent sur sa culpabilité, une nouvelle date d’exécution pourrait être fixée dans les semaines ou les mois à venir. La pétition pour Troy Davis peut être également signée en ligne sur le site internet d’Amnesty : www.amnesty.lu
Le monde s’avance inexorablement sur la voie de l’abolition mondiale de la peine de mort. La majorité des pays s’abstiennent désormais de recourir à la peine capitale. La pratique des Etats révèle que l’opinion selon laquelle la peine de mort est inconciliable avec la notion de respect des droits humains rallie une majorité toujours plus large. Mais le chemin à parcourir pour atteindre l’abolition universelle de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant est encore long, et c’est grâce au soutien, à la mobilisation de chaque citoyen, que nous y parviendrons.