Nouvelle action à Luxembourg alors que débute un « procès pour l’exemple » contre Amnesty en Turquie

Amnesty International Luxembourg met en lumière le début d’un « procès pour l’exemple » contre 11 défenseurs des droits humains en Turquie avec une action symbolique aujourd’hui, le 25 octobre, de 11h à 12h devant l’ambassade de Turquie au Luxembourg, située au 49 de la rue Siggy Vu Letzebuerg, à Luxembourg.

Les accusations absurdes de terrorisme portées contre 11 défenseurs des droits humains, dont la directrice et le président d’Amnesty International Turquie, ne résistent pas à l’examen, alors que le procès de ces personnes débute à Istanbul et à Izmir. Il s’agit de poursuites motivées par des considérations politiques, destinées à faire taire les voix critiques en Turquie.

« C’est aux despotes d’être en prison et non aux défenseurs des droits humains ! Il est du devoir de nos sociétés d’inverser la tendance néfaste actuelle » a déclaré David Pereira, président d’Amnesty International Luxembourg.

Dans les mois passés, la section luxembourgeoise du mouvement mondial a récolté près de 1 000 signatures du Grand-duché et a mobilisé ses activistes pour une action devant l’ambassade de Turquie à l’occasion de l’anniversaire d’Idil Eser, la directrice d’Amnesty International Turquie.

Les charges qui pèsent sur ces militants – passibles de peines d’emprisonnement d’une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans et exposées dans deux actes d’inculpation qui doivent être examinés dans le cadre de deux procès distincts – sont totalement dénuées de fondement.

Dix militants, dont Idil Eser, ont été arrêtés le 5 juillet 2017, et le président d’Amnesty International Turquie, Taner Kilic, a quant à lui été arrêté un mois plus tôt. Ils sont accusés d’« appartenance à une organisation terroriste ».

Parmi les accusations portées contre ces 11 militants figurent des allégations extravagantes assimilant des activités classiques de défense des droits humains à l’apport d’une assistance à des organisations terroristes. Les activités incriminées consistent notamment à appeler à la fin des ventes de gaz lacrymogène, à déposer une demande de subvention, ou à faire campagne pour la libération d’enseignants en grève de la faim. Selon l’acte d’inculpation, Idil Eser a des liens avec trois organisations terroristes non liées – et même opposées – entre elles, et certaines des allégations à son encontre font référence à deux documents d’Amnesty International qui avaient été publiés avant même qu’elle ne rejoigne l’organisation.

Il n’est guère surprenant que le parquet ne dispose d’aucun élément prouvant que l’atelier organisé à Büyükada, au cours duquel les arrestations ont eu lieu, était une « réunion secrète visant à organiser un soulèvement de type Gezi », ou que les prévenus se livraient à des actes répréhensibles. Amnesty International a procédé à une analyse détaillée de l’acte d’inculpation, examinant chacune des accusations portées contre les 11 prévenus.

L’audition des 11 militants débute aujourd’hui à Istanbul, et Taner Kilic comparaîtra également lors d’une audience demain à Izmir pour répondre d’une accusation distincte d’« appartenance à l’organisation terroriste Fethullah Gülen ».

Cette accusation est fondée sur l’allégation selon laquelle il aurait téléchargé et utilisé l’application de messagerie ByLock, présenté comme un outil de communication du mouvement Gülen. Or, deux analyses médicolégales indépendantes du téléphone de Taner, commandées par Amnesty International, ont conclu qu’il n’y avait aucune trace de ByLock sur son téléphone.

David Pereira, président d’Amnesty International Luxembourg, est disponible pour des interviews en luxembourgeois ou en français.
Pour fixer un entretien, veuillez appeler Anne Ploetz au (+352) 26 19 01 66 ou envoyer un e-mail à presse@amnesty.lu.

Des équipes d’Amnesty seront en Turquie pour suivre les procès et pourront également donner des interviews.
Pour obtenir plus d’informations ou organiser un entretien, veuillez prendre contact avec Stefan Simanowitz : press@amnesty.org, stefan.simanowitz@amnesty.org ou +44 (0) 20 7413 5566.

La première audience du procès des 11 militants doit avoir lieu le 25 octobre à Istanbul, devant la 35e cour pénale spéciale. Taner Kilic doit comparaître devant la 16e cour pénale spéciale à Izmir le 26 octobre 2017, à 10 heures du matin, pour la première audience relative à l’autre acte d’accusation.

L’analyse des deux affaires réalisée par Amnesty International est disponible en ligne : Istanbul 11 – https://www.amnesty.org/en/documents/eur44/7329/2017/en/ Taner Kilic – https://www.amnesty.org/en/documents/eur44/7331/2017/en/

Vous trouverez un résumé des poursuites engagées contre Taner Kilic en français ici : https://www.amnesty.lu/uploads/media/Turquie_resume_Taner.pdf.