Syrie : L’urgence d’une reponse politique

Amnesty International Luxembourg souligne la nécessité et l’urgence d’une réponse politique à la situation extrême que vit actuellement la population syrienne. Depuis plus de deux ans, Amnesty International a documenté les crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis par le régime syrien, ainsi que les violations de plus en plus graves commises par certains groupes de l’opposition armée.

L’organisation appelle depuis plus de deux ans à une action internationale décisive pour arrêter le déchaînement de violence. Amnesty International Luxembourg s’inquiète en outre des nombreux actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements dans les prisons et centres de détention syriens.

Ces pratiques semblent être directement ou partiellement à l’origine du décès d’une grande partie voire de la plupart des 1 300 personnes qui seraient mortes en détention depuis mars 2011, date à laquelle le mouvement de protestation antigouvernemental a commencé. Les troubles se sont depuis transformés en conflit armé dans tout le pays.

Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées en Syrie, souvent arbitrairement, au cours de cette période. Beaucoup demeurent détenues, dans des conditions s’apparentant fréquemment à une disparition forcée. Certaines ont été déférées devant le tribunal antiterroriste de Damas, qui est en activité depuis septembre 2012. En outre, l’organisation dénonce les prises d’otages, les actes de torture et les exécutions sommaires à l’encontre de soldats, de miliciens progouvernementaux et de civils commises de plus en plus souvent par des groupes armés d’opposition.

Par ailleurs, le dernier rapport rendu public le 4 juin 2013 par la commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur la situation des droits humains en Syrie confirme les effets néfastes de la disponibilité accrue des armes, qui " augmente le nombre de morts et de blessés parmi la population civile ". " Combien d’autres rapports faut-il publier sur la Syrie pour que le monde se réveille et intervienne pour faire cesser le massacre des civils ? ", a déclaré Stan Brabant, directeur d’Amnesty International Luxembourg. " Qu’attend le Conseil de sécurité pour saisir le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de cette situation ? ", a rajouté Stan Brabant.

Amnesty International renouvelle également son appel afin que le Conseil de sécurité de l’ONU impose immédiatement un embargo total sur les armes à destination du gouvernement syrien. Dans l’attente de cet embargo international, elle appelle les États de l’UE et les autres à maintenir ou à imposer dans les délais les plus brefs des embargos sur les armes destinées aux forces gouvernementales syriennes.

Dans la mesure où certains groupes armés d’opposition ont commis des exactions, Amnesty International estime qu’il y aurait lieu de ne procéder à aucun transfert d’armes à aucun groupe armé d’opposition en Syrie tant que n’aura pas été écarté tout risque substantiel d’atteinte grave aux droits humains et de violation du droit international humanitaire.