Les autorités yéménites doivent diligenter dans les meilleurs délais une enquête rigoureuse, indépendante et impartiale sur l’homicide d’Abdulkarim al Khaiwani, journaliste et militant renommé, survenu mercredi 18 mars, a déclaré Amnesty International.
Selon des informations relayées par les médias, des hommes armés non identifiés se déplaçant à moto ont abattu Abdulkarim al Khaiwani par balle non loin de son domicile dans le centre de Sanaa, la capitale, mercredi 18 mars. Ancien lauréat du prix décerné par Amnesty International Royaume-Uni récompensant des journalistes menacés en raison de leur action en faveur des droits humains, il avait été incarcéré à plusieurs reprises et harcelé pendant des années lorsque l’ancien président Ali Abdullah Saleh était au pouvoir.
« Compte tenu du fait qu’Abdulkarim al Khaiwani avait été visé par des manœuvres d’intimidation et de harcèlement en raison de son journalisme courageux et de son militantisme pacifique, son homicide abject a toutes les apparences d’un assassinat motivé par des considérations politiques », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Nous craignons que son meurtre ne soit vu comme une mise en garde à ceux qui sont encore assez courageux pour faire du journalisme aujourd’hui au Yémen. Il est donc crucial que les autorités, et en particulier le ministère public, diligentent immédiatement une enquête rigoureuse, indépendante et impartiale, et veillent à ce que les responsables présumés des faits soient traduits en justice dans le cadre d’un procès équitable et sans que la peine de mort ne soit requise. »
Par son travail de journalisme et son action militante, Abdulkarim al Khaiwani soutenait la minorité zaïdite du pays et le mouvement politique houthi. Le mouvement houthi a émergé dans la province yéménite de Saada au début des années 2000, en réaction à ce qui était perçu comme un traitement discriminatoire sous la présidence d’Ali Abdullah Saleh, qui a pris fin en 2011 au bout de 33 ans. Les Houthis ont affronté le gouvernement central dans plusieurs conflits armés entre 2004 et 2010.
Depuis le départ du président Saleh, des groupes armés houthis sont arrivés sur le devant de la scène et ont renforcé leur contrôle sur la capitale Sanaa, et le pays tout entier, ces derniers mois. Le 6 février, ils ont dissous le Parlement et publié une déclaration constitutionnelle prévoyant la création d’un conseil présidentiel de transition qui restera en place ces deux prochaines années.