Visite de M. Faal, Premier Substitut du procureur de la Cour Pénale Internationale

L’histoire récente montre que des millions de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, de tortures, d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées n’ont pas été pris en considération par les autorités nationales. La justice des vainqueurs, la discrimination à l’égard des victimes, des systèmes judiciaires en ruines, et la volonté politique d’aller de l’avant sans régler les dettes du passé font partie des raisons souvent invoquées pour expliquer cette impunité. Les auteurs de ces crimes terribles ont ainsi pu les planifier et les commettre en sachant qu’ils n’auraient pas à rendre des comptes. Les victimes, leurs familles et leur entourage continuent quant à eux de souffrir. Pourtant, au cours des dernières décennies, d’importants progrès ont été réalisés pour combattre l’impunité. C’est ainsi qu’une campagne menée au niveau mondial ces 20 dernières années a permis d’aboutir à la création, en 1998, de la Cour pénale internationale (CPI), inspirée du modèle des tribunaux ad hoc d’ex-Yougoslavie et du Rwanda. Cette Cour permanente a pour mission d’enquêter sur les crimes commis après le 1er juillet 2002 et d’engager des poursuites. Amnesty International, qui a fait campagne dès 1993 pour la création de cette Cour et qui a joué un rôle important dans la rédaction du Statut de Rome qui régit le fonctionnement de cette dernière, veille à présent à ce que ce nouveau système de justice internationale soit efficace en pratique. L’année 2009 a marqué un tournant, puisqu’elle a vu un chef d’État en exercice, le président soudanais Omar el Béchir, faire l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la CPI, pour cinq chefs de crimes contre l’humanité (meurtre, extermination, transfert forcé de population, torture et viol) et deux chefs de crimes de guerre (dont le fait d’avoir mené des attaques intentionnelles contre la population civile). Mais les défis à relever sont considérables et les enjeux très importants : sur 16 personnes actuellement appelées à comparaître devant la CPI, 8 n’ont pas encore pu être arrêtées, parmi lesquelles le Président Soudanais El Béchir. Un système efficace de justice internationale permettrait aux victimes de crimes de droit international et à leurs proches d’obtenir justice, de connaître la vérité et de recevoir des réparations. Il inciterait également ceux qui prévoient de commettre de tels crimes à y réfléchir à deux fois avant de passer à l’acte. Malgré cette évidence, les initiatives de justice internationale visant à mettre fin à l’impunité sont souvent mises à dure épreuve et confrontées à des attaques politiques. Dans le cadre de la campagne « Faire de la justice une réalité » Amnesty International Luxembourg organise le 2 décembre prochain la projection du film « Le temps de vérité : La bataille pour la Cour Pénale Internationale » retraçant l’histoire de la Cour, suivant ses développements et se penchant sur les controverses et défis soulevés par les affaires actuellement examinées par cette dernière (cinéma Utopia, 19h00). A cette occasion, la section luxembourgeoise d’Amnesty International aura l’honneur d’accueillir Monsieur Essa Faal, Premier substitut du Procureur de la Cour Pénale Internationale, qui dirige les poursuites de toutes les affaires de la CPI relatives au Darfour, y compris l’affaire « Le Procureur vs. Omar Hassan Ahmad El Béchir ». Cette soirée cinéma-débat s’inscrit dans le cadre de la campagne bougies d’Amnesty International Luxembourg qui prendra fin le 10 décembre avec la traditionnelle marche aux flambeaux à travers la ville de Luxembourg. Au cours des six semaines de cette campagne la section luxembourgeoise a illustré le rôle de la CPI, en mettant l’accent sur son importance et surtout en mobilisant l’opinion publique luxembourgeoise pour créer un consensus autour de cette institution et obtenir et augmenter le soutien envers cette instance.


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