Viêt-Nam. Des centaines de personnes se trouvent en danger du fait de la « déplorable » reprise des exécutions

La première exécution au Viêt-Nam depuis plus de 18 mois est choquante et met en danger des centaines de condamnés à mort, a déclaré Amnesty International.

Nguyen Anh Tuan, condamné pour meurtre en 2010, aurait été exécuté par injection létale mardi 6 août à la prison de la police à Hanoï. Il s’agit de la première exécution dans le pays depuis à peu près janvier 2012.

Un renforcement de la règlementation de l’Union européenne (UE) sur l’exportation des substances utilisées pour les injections létales a eu pour effet la suspension des exécutions au Viêt-Nam pendant cette période, mais une nouvelle loi entrée en vigueur le 27 juin 2013 dispose que le Viêt-Nam peut désormais utiliser des substances produites hors de l’UE ou sur son propre territoire.

Selon des informations relayées par les médias, 586 personnes se trouvent actuellement dans le quartier des condamnés à mort au Viêt-Nam ; 116 d’entre elles ont épuisé toutes leurs voies de recours.

« Il est déplorable que le Viêt-Nam ait repris les exécutions et que les autorités soient si farouchement déterminées à continuer à appliquer ce châtiment », a souligné Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Ces homicides approuvés par l’État doivent cesser. Le gouvernement vietnamien aurait dû mettre à profit la suspension des exécutions imposée par la nouvelle réglementation de l’UE sur les exportations pour réévaluer son recours à la peine capitale et s’en détourner complètement. »

Compte tenu du nombre élevé de personnes risquant d’être exécutées d’un moment à l’autre, le gouvernement doit suspendre sans délai tous les projets visant à ôter la vie à d’autres prisonniers.

« Amnesty International compatit avec les victimes de crimes graves, qui méritent justice, mais rien ne prouve que la peine de mort ait un effet particulièrement dissuasif. La peine capitale est le châtiment le plus cruel et inhumain qui soit, et une violation claire des droits humains. »

« La décision du Viêt-Nam de reprendre les exécutions est en décalage avec la tendance observée dans le monde. Seuls 21 pays ont procédé à des exécutions en 2012, et d’autres pays d’Asie du Sud-Est ont révisé leur législation sur la peine de mort et limitent leur recours à ce châtiment. Le Viêt-Nam doit chercher des solutions permettant d’éviter les exécutions, au lieu de superviser la mise à mort de centaines d’hommes et de femmes », a conclu Isabelle Arradon.

Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.

Nous avons besoin de vous, soutenez nos actions en faisant un don

X