La violence et la polarisation croissantes au Venezuela représentent un grave risque pour le respect des droits humains et l’état de droit, après environ un mois de forte mobilisation sociale de la part des partisans comme des adversaires du gouvernement, a déclaré Amnesty International vendredi 7 mars. La mort d’Acner Isaac López, membre de la garde nationale, et de José Gregorio Amaris jeudi 6 mars dans l’État de Miranda, des suites semble-t-il de blessures par balle, porte à 21 le nombre de victimes de ces violences. Les faits se seraient produits lorsqu’un groupe de motards se sont approchés d’une barricade érigée par les habitants d’une zone résidentielle, afin de la démonter. « Les proclamations toujours plus violentes des autorités, des sympathisants du gouvernement, mais aussi de dirigeants de l’opposition, ainsi que de certains manifestants menacent de mettre fin au respect des droits humains et de l’état de droit », a déclaré Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Ces décès sont survenus un jour après que le président vénézuélien, Nicolás Maduro, et le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, aient appelé leurs sympathisants à mettre fin aux manifestations contre le gouvernement pendant la commémoration du premier anniversaire de la mort d’Hugo Chávez, le président précédent. « Les autorités tout autant que les dirigeants de l’opposition haussent dangereusement le ton dans leurs déclarations, mais l’État et ses représentants ont une responsabilité supplémentaire et doivent être particulièrement vigilants lorsqu’ils s’expriment », a déclaré Guadalupe Marengo. « Nous demandons aux autorités d’indiquer de manière absolument claire que leur priorité est le respect des droits humains et de l’état de droit. Cela implique, pour commencer, de s’abstenir de faire des déclarations susceptibles de provoquer des affrontements entre différents secteurs de la population civile, qui risquent à leur tour de se solder par de graves violations des droits humains », a déclaré Guadalupe Marengo. L’organisation rappelle que l’État vénézuélien et ses représentants sont tenus de garantir le respect des droits humains et de veiller à prévenir les violations de ces mêmes droits. « Bien que les autorités aient le droit et le devoir de garantir l’ordre public, elles doivent le faire en évitant tout recours inutile à la force, en particulier si ceux qui emploient cette force sont des groupes de personnes dont ce n’est pas la profession et qui ne sont pas adéquatement formées pour remplir cette tâche », a déclaré Guadalupe Marengo. Amnesty International exhorte par ailleurs les dirigeants de l’opposition à lancer un appel à leurs partisans en leur recommandant de ne pas employer la violence, notamment contre les personnes dont les opinions politiques diffèrent des leurs. Complément d’information Depuis le début des manifestations, le ministère public a recensé : 21 morts (dont deux membres de la garde nationale) ; 318 blessés (dont 81 membres des forces de sécurité de l’État) ; 1 322 arrestations (92 de ces personnes se trouvent toujours en détention, tandis que 1 003 ont bénéficié d’une libération assortie de mesures préventives et 35 autres ont été relâchées sans condition). Le ministère public enquête actuellement sur 25 affaires d’allégations de mauvais traitements et de torture. Quinze membres des forces de l’ordre auraient été placés en détention pour leur responsabilité présumée dans ces abus.