Un navire italien pendant des opérations de sauvetage en 2014 © Amnesty International

Une nouvelle tragédie dans la Méditerranée met en évidence l’échec de l’UE en matière de sauvetage

La mort d’au moins 10 nouveaux réfugiés et migrants dans la Méditerranée montre que les gouvernements européens continuent à s’abstenir de fournir les ressources requises pour la mise en place d’une mission coordonnée de recherche et de sauvetage qui permettrait de sauver d’innombrables vies, a déclaré Amnesty International mercredi 4 mars.

« Des navires marchands et des garde-côtes ont encore une fois vaillamment affronté la difficulté extrême et croissante du sauvetage de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile au large des côtes du sud de l’Europe », a déclaré Gauri van Gulik, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Mais cela est loin d’être suffisant face à cette crise humanitaire grandissante. Faute de mission européenne de recherche et de sauvetage, la manière de procéder de l’Union européenne semble de plus en plus caractérisée par la confusion et la négligence. »

Près de 1 000 réfugiés et migrants en détresse

En l’espace de 24 heures, mardi 3 mars, huit opérations distinctes lancées spécifiquement ont permis de sauver au moins 941 migrants dans le canal de Sicile. Dans un cas, un bateau a chaviré lorsque les réfugiés se trouvant à son bord, qui incluaient de nombreux Syriens selon les garde-côtes, ont aperçu un remorqueur à l’horizon et se sont regroupés sur un côté du bateau. Si 121 passagers ont été secourus, 10 corps sans vie ont également été retrouvés.

Les appels de détresse les plus récents ont été lancés à environ 50 miles nautiques (92 km) au nord de la Libye, bien au-delà des eaux patrouillées par Triton, la mission de contrôle des frontières de l’Union européenne (UE). Des navires marchands, ainsi que des garde-côtes italiens et tunisiens ont répondu à ces appels. Un des navires de Triton est venu soutenir ces efforts nationaux.

Sentiment d’urgence dans l’UE

Lors d’un point presse à Bruxelles mercredi 4 mars, la Commission européenne a déclaré qu’il fallait que l’UE éprouve collectivement un « sentiment d’urgence » face à la migration en Europe.

Un nouveau programme européen en matière de migration, qui sera rendu public à la mi-mai, prévoira l’augmentation du nombre d’itinéraires de migration sûrs et légaux vers l’Europe. Mais il ne devrait cependant pas ouvrir la voie à la création d’une mission coordonnée de recherche et de sauvetage qui permettrait de lutter contre la multiplication des décès de migrants en mer.

Amnesty International a demandé à de nombreuses reprises la mise en place à l’échelle de l’UE d’une mission de sauvetage et de recherche dotée au minimum du même mandat et des mêmes ressources que l’opération italienne Mare Nostrum, qui a permis de sauver plus de 170 000 vies avant sa suppression en fin d’année dernière.

« La Commission européenne vient de reconnaître publiquement que Triton ne remplaçait pas Mare Nostrum. On pourrait s’attendre à ce qu’un sentiment d’urgence incite à faire le maximum pour pallier l’absence laissée par la suspension de cette mission vitale de recherche et de sauvetage », a déclaré Iverna McGowan, directrice adjointe du bureau européenne d’Amnesty International.

D’autres organes internationaux ont relayé cet appel. Dans un communiqué de presse diffusé avant une réunion importante de l’Organisation maritime internationale des Nations unies, mercredi 4 mars à Londres, la Chambre internationale de la marine marchande a demandé aux États membres de l’UE d’« agir en urgence afin de prévenir la perte d’un millier d’autres vies ».

Ne laissons plus mourir les migrants à nos frontières! Signez la pétition!