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Un nouvel outil permet aux victimes d’espionnage de détecter les manœuvres de surveillance gouvernementales

Un nouvel outil permettant aux journalistes et aux défenseurs des droits humains d’effectuer une analyse sur leur ordinateur afin de trouver d’éventuels logiciels espions connus a été lancé jeudi 20 novembre par Amnesty International et une coalition d’organisations de défense des droits humains.

Detekt est le premier outil mis à la disposition du public qui puisse détecter, sur les ordinateurs et les appareils mobiles, les principaux logiciels de surveillance connus, dont certains sont utilisés par des gouvernements.

« Les gouvernements font de plus en plus souvent recours à des technologies dangereuses et sophistiquées qui leur permettent de lire les courriels privés de militants et de journalistes, et d’allumer à distance la caméra ou le microphone de l’ordinateur de ceux-ci afin d’enregistrer subrepticement leurs activités. Ils utilisent ces technologies dans l’objectif lâche d’empêcher que des violations ne soient révélées », a déclaré Marek Marczynski, responsable à Amnesty International du programme sur les transferts d’équipements ou de compétences dans les domaines militaire, de sécurité ou de police.

« Detekt est un outil simple qui avertit les militants de ce type d’intrusion afin qu’ils puissent agir. Il permet de contre-attaquer face à des gouvernements qui utilisent certaines informations soutirées par le biais de la surveillance afin de soumettre défenseurs des droits humains et journalistes à des arrestations arbitraires, des détentions illégales, voire à la torture. »

Conçu par Claudio Guarnieri, chercheur allemand spécialisé dans les questions de sécurité, Detekt est lancé en collaboration avec Amnesty International, Digitale Gesellschaft, l’Electronic Frontier Foundation et Privacy International.

L’utilisation et le commerce de technologies de surveillance des télécommunications se sont développés de manière exponentielle ces dernières années.

La Coalition contre l’exportation illégale de technologies de surveillance, dont Amnesty International est membre, estime que le commerce mondial des technologies de surveillance représente 4 milliards d’euros par an, et qu’il est en expansion.

Certains équipements de surveillance se trouvent aisément sur Internet, tandis que d’autres solutions plus sophistiquées sont développées par des entreprises privées ayant leur siège dans des pays développés, et sont vendues aux organes gouvernementaux chargés du maintien de l’ordre public et aux agences du renseignement dans des pays qui commettent des violations des droits humains de manière persistante.

FinFisher, une société allemande qui appartenait à l’entreprise britannique Gamma International, a conçu le logiciel espion FinSpy grâce auquel il est possible d’effectuer un suivi des conversations sur Skype, d’extraire des fichiers de disques durs, d’enregistrer toute utilisation du microphone ainsi que les courriels, et même de prendre des photos en utilisant la caméra de l’appareil.

D’après des recherches menées par Citizen Lab et des informations rendues publiques par Wikileaks, Finfisher a été utilisé pour espionner des avocats spécialisés dans la défense des droits humains ainsi que des militants en faveur de ces droits à Bahreïn.

Amnesty International exhorte les gouvernements à mettre en place des mesures strictes de contrôle des échanges, obligeant les autorités nationales à évaluer le risque qu’un équipement de surveillance soit utilisé pour perpétrer des atteintes aux droits humains avant d’autoriser son transfert.

« Detekt est un outil formidable qui peut aider les militants à se protéger, mais au bout du compte, la seule manière d’empêcher que ces technologies soient utilisées pour violer les droits humains est d’instaurer un contrôle strict de leur utilisation et de leur vente », a déclaré Marek Marczynski.

Amnesty International utilisera ses réseaux afin d’aider les militants du monde entier à en savoir plus sur Detekt et à passer leurs appareils au crible afin d’y déceler la trace éventuelle de logiciels espions. L’organisation effectuera par ailleurs des tests avec ses partenaires et réseaux qui sont fortement exposés au risque d’être pris pour cible par ce type de logiciels dans leur pays.

Génocide à Gaza

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