Un nombre inédit de pays a appuyé une résolution importante de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) relative à l’instauration d’un moratoire sur les exécutions dans l’objectif d’abolir la peine de mort dans le monde, a déclaré Amnesty International.
Cent dix-sept des 193 États membres des Nations unies se sont prononcés en faveur de la résolution durant la session plénière de l’AGNU à New York, jeudi 18 décembre, tandis que 38 ont voté contre et 34 se sont abstenus. C’est la cinquième fois qu’une résolution sur cette question a été adoptée par l’AGNU – la dernière fois, en décembre 2012, 111 États ont voté pour, 41 contre et 34 se sont abstenus.
"Le vote record de jeudi 18 décembre est encore un nouvel indicateur que le soutien à la peine de mort est en passe d’être relégué au passé. Ce vote envoie un message important, selon lequel de plus en plus de pays sont prêts à prendre des mesures pour en finir une bonne fois pour toutes avec le recours à la peine de mort", a déclaré Chiara Sangiorgio, spécialiste de la peine de mort à Amnesty International.
"Le fort soutien transrégional attesté par le vote du 18 décembre montre que la nécessité de mettre un terme à l’application de la peine capitale est une question véritablement mondiale. La communauté internationale reconnaît que la peine de mort est une question de droits humains, et a ouvert un nouvel espace de dialogue sur l’abolition de ce qui constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit."
Depuis 2007, cinq résolutions de l’AGNU ont appelé à l’instauration d’un moratoire mondial sur la peine de mort, et celui-ci suscite une adhésion plus forte à chaque fois. Six pays supplémentaires ont soutenu la résolution du 18 décembre par rapport au dernier vote, qui a eu lieu en 2012.
Il s’agit de l’Érythrée, de Fidji, de la Guinée équatoriale, du Niger et du Suriname. Autre signe positif, Bahreïn, le Myanmar, Tonga et l’Ouganda, qui avaient voté contre précédemment, se sont abstenus. On ne peut que déplorer que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui s’était abstenue auparavant, ait voté contre cette année.
Bien qu’elles ne soient pas juridiquement contraignantes les résolutions de l’AGNU ont un poids moral et politique considérable.
"Ce résultat est par ailleurs un avertissement aux 38 pays qui continuent à voter contre la résolution. Ils sont de plus en plus isolés dans leur soutien à ce terrible châtiment. La peine de mort ne répond à aucun objectif légitime et entache leur bilan en matière de droits humains", a déclaré Chiara Sangiorgio.
Amnesty International exhorte tous les États qui maintiennent la peine de mort à instaurer immédiatement un moratoire sur les exécutions, à commuer toutes les condamnations à mort et à abolir ce châtiment pour tous les crimes.
Complément d’information
En 1945, lors de la fondation des Nations unies, seuls huit des 51 États membres de l’époque avaient aboli la peine capitale. Aujourd’hui, sur les 193 membres des Nations unies, 95 pays ont aboli ce châtiment pour tous les crimes et, en tout, 137 l’ont abandonné dans leur législation ou dans la pratique.
Une version préliminaire de la résolution de l’AGNU a dans un premier temps été adoptée par la Troisième Commission de celle-ci le 21 novembre 2014, avec 114 voix pour, 36 contre et 29 abstentions. L’adoption, depuis 2007, de cinq résolutions relatives à un moratoire sur l’application de la peine capitale a généré un élan vers un engagement renouvelé en faveur de l’abolition.
Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.