Turquie. Amnesty International condamne l’attentat ciblant les manifestants à Ankara

Samedi 10 octobre, peu après 10 heures, deux explosions ont eu lieu à Ankara près de la gare centrale alors que des personnes se rassemblaient pour débuter une manifestation pacifique dans la capitale.

Deux heures après les explosions, les autorités ont publié un communiqué indiquant qu’il y avait 30 morts et 126 blessés. Plus tard dans l’après-midi, d’après un communiqué du ministre de la Santé, le nombre de victimes s’élevait à 86 morts et 186 blessés dans les explosions.

Amnesty International condamne cet attentat, qui semble avoir ciblé de simples citoyens exerçant leur droit de manifester pacifiquement. Ce genre d’attaques visant des civils montrent un mépris du droit à la vie et contrevient aux principes de base du droit international. Pour le moment, aucun individu ou groupe n’a revendiqué la responsabilité de l’attentat.

À midi, une manifestation pour « le travail, la paix et la démocratie » devait partir, soutenue par une grande partie des syndicats, des organismes professionnels et des organisations de la société civile. Les informations en provenance des médias indiquent que l’attentat a eu lieu dans une zone où un grand nombre de personnes brandissaient des bannières de la Fédération des associations des jeunes socialistes (SGDF), du Parti travailliste (EMEP) et du Parti démocratique du peuple (HDP), parti politique de gauche à prédominance kurde.

Amnesty International demande aux autorités turques de mener sans délai une enquête exhaustive impartiale, et de déférer à la justice toutes les personnes soupçonnées d’être responsables de cet attentat.

Complément d’information

Ces attentats ont eu lieu moins de trois mois après qu’un attentat-suicide a fait plus de 30 morts dans la ville de Suruç, dans le sud-est de la Turquie, à la frontière avec la Syrie. L’attentat de Suruç avait eu lieu au moment où des militants du SGDF faisaient une déclaration au sujet de leur venue dans le but d’apporter une assistance humanitaire à la ville de Kobani, située de l’autre côté de la frontière avec la Syrie et dont la population est à majorité kurde.

Après l’attentat de Suruç, la violence s’est aggravée en Turquie avec les attaques du Parti ouvrier kurde (PKK) contre des soldats et des policiers turcs, et des attaques de l’armée turque contre des cibles du PKK dans le nord de l’Iraq et de la Turquie. Ces violences ont anéanti un processus de paix hésitant qui avait débuté en mars 2013.

L’attentat d’Ankara survient également à la veille des élections anticipées du 1er novembre suivant les élections parlementaires de juin, lors desquelles aucun parti n’a recueilli la majorité de voix permettant de former un gouvernement. Deux jours avant le scrutin de juin, un double attentat lors d’une réunion électorale du HDP dans la ville de Diyarbakýr, située dans le sud-est du pays, avait fait quatre morts et plus de 400 blessés.