En réaction aux informations selon lesquelles le footballeur Hakeem Ali al Araibi ne sera pas extradé à Bahreïn, Minar Pimple, directeur général des opérations mondiales à Amnesty International, a déclaré :
« C’était une demande d’extradition sans fondement et cynique de la part des autorités bahreïnites, qui souhaitaient punir Hakeem Ali al Araibi pour ses opinions politiques exprimées de manière pacifique. Il a passé plus de deux mois derrière les barreaux en Thaïlande, alors qu’il n’aurait même pas dû être enfermé une seule seconde. Ce n’est que justice qu’il puisse rentrer en Australie, où l’attendent sa famille, son club de foot et le pays qui lui a accordé l’asile.
« La décision rendue le 11 février montre les résultats que peut donner la solidarité avec les réfugiés et constitue une victoire pour le pouvoir des gens. Plus de 135 000 sympathisants d’Amnesty International ont relayé l’appel mondial en faveur de la libération d’Hakeem.
« Aujourd’hui, le gouvernement thaïlandais a démontré sa volonté de respecter le droit international et de faire ce qui est juste en autorisant Hakeem à retourner là où il est en sécurité, plutôt que d’être envoyé vers de probables tortures. En outre, il s’est récemment engagé à renforcer ses protections envers les réfugiés, une mesure plus que nécessaire, car en plusieurs occasions par le passé, il a renvoyé de force des personnes vers des pays où leurs vies et leur sécurité étaient en grave danger. »
Complément d’information
Alors qu’il voyageait avec un titre australien valide, Hakeem Ali al Araibi a été arrêté à son arrivée à Bangkok le 27 novembre dernier, en raison d’une notice rouge détournée d’Interpol. Le 1er février, le ministère public thaïlandais a présenté une demande d’extradition concernant Hakeem Ali al Araibi au nom du gouvernement de Bahreïn. Le 4 février, il a comparu devant le tribunal et a officiellement présenté son refus d’être extradé.
Ancien joueur de l’équipe nationale de football de Bahreïn, Hakeem Ali al Araibi a ouvertement et pacifiquement critiqué les autorités depuis qu’il a été arrêté et soumis à la torture en novembre 2012. En mai 2014, il a fui vers l’Australie, où il a obtenu le statut de réfugié en 2017. Les autorités bahreïnites présentent un bilan déplorable s’agissant de la répression contre la dissidence pacifique.
En 2014, à l’issue d’un procès inique, il a été condamné par contumace à 10 ans de prison pour avoir vandalisé un poste de police. Son frère purge actuellement une peine d’emprisonnement pour les mêmes accusations.
Au titre du droit international, il est interdit de renvoyer une personne vers un territoire ou un pays où elle risque de subir des actes de torture ou d’autres graves violations des droits humains. Depuis quelques années, la Thaïlande a entrepris de mieux respecter cette interdiction, notamment en s’engageant lors du Sommet de l’ONU des chefs d’État et de gouvernement sur les réfugiés en septembre 2016 à appliquer les lois relatives à la lutte contre la torture et les disparitions, qui englobent des protections contre les renvois forcés.