Syrie. Il est temps que les dirigeants mondiaux fassent en sorte que les millions de victimes de la guerre obtiennent justice, vérité et réparation

Alors que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité demeurent impunis en Syrie, une campagne lancée par Amnesty International à l’occasion du sixième anniversaire de cette crise appelle les dirigeants mondiaux à prendre des mesures immédiates pour apporter justice, vérité et réparation aux millions de victimes du conflit.

La campagne Justice for Syria engage les gouvernements à mettre fin à l’impunité et à faire de l’obligation de rendre des comptes une réalité pour le peuple syrien en soutenant et en finançant le mécanisme d’enquête sur la Syrie adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2016 et en exerçant leur compétence universelle pour enquêter sur les responsables présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés en Syrie et les traduire en justice dans leurs propres tribunaux.

" Après six années de tourment, il n’y a aucune excuse pour laisser impunis les horribles crimes de droit international qui sont perpétrés en Syrie, a déclaré Samah Hadid, directrice adjointe chargée des campagnes au sein du bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth. "

Les gouvernements disposent déjà des outils juridiques nécessaires pour mettre fin à l’impunité qui a permis que des centaines de milliers de Syriens soient tués et des millions d’autres déplacés. Il est temps de mettre ces outils en application."

Tous les États sont autorisés à exercer leur compétence universelle pour les crimes de droit international, tels que les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité. La compétence universelle leur permet d’enquêter sur les personnes soupçonnées de responsabilité dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité – torture, génocide et disparitions forcées – perpétrés en Syrie, ainsi que de les poursuivre, quel que soit le lieu où les faits ont été commis et la nationalité du suspect ou de la victime.

Aujourd’hui, plus de 147 pays ont déjà appliqué la compétence universelle pour un ou plusieurs crimes de droit international. Actuellement, des pays européens comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et la Suisse enquêtent sur des crimes commis en Syrie.

La résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2016 a également apporté au peuple syrien une lueur d’espoir de voir la justice rendue. Elle appelle à la création d’un mécanisme international indépendant visant à faciliter les enquêtes et les poursuites concernant les plus graves crimes de droit international commis en Syrie depuis mars 2011.

Cette résolution a envoyé un message fort en contournant un Conseil de sécurité dans l’impasse, qui se montre incapable de mettre fin à l’impunité des crimes de droit international et des violations des droits humains en Syrie. Le mécanisme est maintenant en attente d’obtenir les fonds nécessaires de la part des États membres pour commencer à fonctionner.

" En adoptant cette résolution, la communauté internationale a envoyé un message d’espoir au peuple syrien : la promesse que le monde ne l’a pas abandonné, que les responsables de leurs souffrances ne resteront pas impunis, a déclaré Samah Hadid.

" Il est maintenant impératif que les États qui ont voté en faveur de ce mécanisme prennent les mesures nécessaires pour garantir le financement et la coopération dont il a besoin pour pouvoir apporter la justice aux victimes du conflit en Syrie. "

Complément d’information

Selon l’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, le nombre de morts depuis le début de la crise a dépassé 400 000 – ce qui signifie qu’au moins un Syrien sur 100 a été tué dans le cadre du conflit.

Plus de 20 % de la population syrienne est réfugiée en dehors du pays, tandis que la moitié de la population vivant en Syrie a besoin d’aide humanitaire.

Des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis par toutes les parties au conflit en Syrie ont été dénoncés à maintes reprises par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains, ainsi que par des organes des Nations unies, depuis le début de la crise.

Parmi ces crimes figurent des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et autres traitements cruels, des attaques visant délibérément des civils, des habitations, des équipements médicaux et d’autres infrastructures civiles, ainsi que des attaques aveugles et disproportionnées, des disparitions forcées, des politiques d’extermination et des prises d’otages.