Le gouvernement sud-soudanais doit mettre un terme aux détentions arbitraires dont les services de renseignement sont responsables, et dans le cadre desquelles des dizaines d’hommes sont incarcérés dans des conditions sordides, parfois pendant des mois, sans avoir été jugés ni même inculpés, a déclaré Amnesty International quelques jours avant le retour prévu à Djouba de Riek Machar, dirigeant de l’opposition, à la faveur d’un accord de paix engageant les parties au conflit à former un gouvernement d’union nationale. Amnesty International a compilé une liste de 35 hommes détenus de manière arbitraire par le Service national de la sûreté, au siège de celui-ci dans le quartier de Jebel, à Djouba. Certains s’y trouvent depuis près de deux ans sans pouvoir s’entretenir avec un avocat, tandis que l’accès à leur famille ou au monde extérieur est très limité. Figurent sur cette liste, rendue publique dans une synthèse intitulée Denied protection of the law: National Security Service detention in Juba, South Sudan, un ancien gouverneur, un professeur d’université âgé de 65 ans, un travailleur humanitaire ougandais et un journaliste employé par radio Miraya, une station financée par les Nations unies. « Les soins de santé, la nourriture et les installations sanitaires fournis à ces détenus sont insuffisants. Des membres du Service national de la sûreté ont par ailleurs frappé des détenus, en particulier au cours des jours ayant suivi leur arrestation », a déclaré Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs à Amnesty International. « Que le gouvernement d’union se concrétise ou non, les autorités doivent mettre un terme à ces détentions arbitraires prolongées, qui portent atteinte à la Constitution de transition du Soudan du Sud et au droit international. » Amnesty International pense que d’autres détenus se trouvent au siège du Service national de la sûreté et que ces 35 hommes ne représentent qu’une petite partie des personnes faisant actuellement l’objet d’une détention arbitraire en raison de leurs sympathies politiques supposées. « Ces détenus et d’autres personnes incarcérées sans inculpation doivent être immédiatement relâchés, ou poursuivis pour des infractions reconnues par le droit devant un tribunal civil compétent », a déclaré Sarah Jackson.
« Le gouvernement doit par ailleurs diligenter dans les meilleurs délais des enquêtes efficaces et impartiales sur les pratiques du Service national de la sûreté dans ses lieux de détention, et limiter les activités de cet organe à la collecte et l’analyse de renseignements. »