Alors que la Russie se prépare pour le match d’ouverture de la Coupe du monde de la FIFA 2018, Amnesty International braque les projecteurs sur 11 champions russes des droits humains qui mettent régulièrement leur vie en jeu pour défendre les droits humains en Russie.
La nouvelle campagne baptisée L’équipe des défenseurs met en avant un défenseur des droits humains de chacune des 11 régions où auront lieu les matchs de la Coupe du monde, afin d’attirer l’attention sur le travail crucial que mènent ces personnes, et des sympathisants d’Amnesty International dans le monde entier vont envoyer des messages de solidarité pour montrer à ces courageux défenseurs qu’ils ne sont pas seuls.
« Alors que la Coupe du monde approche à grands pas, nous voulons attirer l’attention sur le travail effectué par ces hommes et ces femmes qui mettent en jeu leur liberté et leur vie en luttant pour les droits humains en Russie. Cette équipe comprend des militants qui se battent pour mettre fin à la torture dans les postes de police, pour protéger l’environnement, pour défendre les droits des personnes LGBTI et ceux des travailleurs et travailleuses du sexe, et qui apportent un soutien aux victimes de la violence domestique ; ce sont eux les vrais champions en Russie, a déclaré Inga Kelekhsaeva, chargée de campagne sur la Russie à Amnesty International.
« Pendant toute la Coupe du monde, des sympathisants d’Amnesty International dans le monde entier vont encourager ces valeureux défenseurs des droits humains et demander qu’il soit mis un terme aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation incessantes exercées par les autorités russes. Toute l’attention sera tournée vers les stades, mais nous continuerons de surveiller la répression exercée par les autorités contre les droits humains. »
La campagne L’équipe des défenseurs met en lumière le parcours de 11 défenseurs des droits humains dans différentes régions de la Russie.
Les voici :
- Grozny : Oyoub Titiev, responsable du bureau de l’ONG Memorial en Tchétchénie, incarcéré depuis janvier 2018 sur la base d’accusations forgées de toutes pièces
- Sotchi : Andreï Roudomakha, défenseur de l’environnement sauvagement attaqué en 2017
- Saint-Pétersbourg : Irina Maslova, qui a fondé un mouvement de défense des droits des travailleurs et travailleuses du sexe.
- Volgograd : Igor Nagavkine, qui combattait la torture et la corruption dans la région de Volgograd jusqu’à son placement en détention arbitraire, en octobre 2016.
- Rostov-sur-le-Don : Valentina Tcherevatenko, militante des droits des femmes
- Kaliningrad : Igor Roudnikov, journaliste indépendant qui enquêtait sur des cas de corruption jusqu’à son placement en détention arbitraire en 2017.
- Samara : Oksana Berezovskaya, qui dirige une organisation de défense des droits des personnes LGBTI
- Nijni Novgorod : Igor Kalyapine, qui a fondé le Comité contre la torture
- Kazan : Yulia Fayzrakhmanova, défenseure de l’environnement
- Ekaterinbourg : Alexeï Sokolov, qui combat la torture et les autres abus commis dans les prisons
- Saransk : Vasili Gouslyannikov, fondateur de l’ONG Centre des droits humains de la République de Mordovie
Nombre de ces défenseurs des droits humains ont subi un harcèlement, des intimidations, des agressions physiques, des campagnes de diffamation et dans certains cas un placement en détention arbitraire uniquement en raison du travail essentiel qu’ils mènent.
Dans le cadre de la campagne L’équipe des défenseurs, Amnesty International demande à ses sympathisants d’agir en faveur de trois des défenseurs que nous présentons, qui sont à ce jour toujours incarcérés ou dont les agresseurs n’ont toujours pas été arrêtés.
Oyoub Titiev est incarcéré depuis presque six mois sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, en raison de son travail de défense des droits humains. Le défenseur de l’environnement Andreï Roudomakha a été sauvagement attaqué en 2017 par des agresseurs non identifiés parce qu’il avait rassemblé des informations sur des chantiers de construction illégaux sur les rives de la mer Noire, et ceux qui l’ont attaqué sont toujours en liberté. Igor Nagavkine se trouve depuis près d’un an et demi en détention provisoire sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, en raison de son travail de défense des droits des prisonniers et de lutte contre la torture et la corruption.
« Nous demandons aux autorités russes de libérer immédiatement et sans condition Oyoub Titiev et Igor Nagavkine, et de mener dans les meilleurs délais une enquête exhaustive et efficace sur la très violente attaque dont a été victime Andreï Roudomakha. La Coupe du monde rassemble des gens du monde entier, et nous entendons mettre cette énergie à contribution pour mener un combat en faveur de la liberté et de la justice pour ces courageux défenseurs des droits humains, a déclaré Inga Kelekhsaeva.
« Les autorités russes ne peuvent pas continuer d’intimider et de harceler, afin de les réduire au silence, tous ceux qui les critiquent. L’attention du monde entier étant focalisée sur la Russie, elles doivent décider du type d’héritage qu’elles souhaitent pour cette Coupe du monde. Il ne peut y avoir de vainqueur en Russie tant que les défenseurs des droits humains ne seront pas reconnus, protégés et libres de mener leur important travail sans qu’on leur mette des bâtons dans les roues et sans qu’ils aient à craindre des représailles. »
Complément d’information
Le 29 mai, la FIFA a pris une mesure importante en mettant en place un mécanisme de plainte permettant aux défenseurs des droits humains et aux représentants des médias de signaler des violations des droits, et elle s’est engagée à soutenir les défenseurs des droits humains et la liberté de la presse dans le cadre de ses activités.
Comme la Coupe du monde 2018 a lieu dans un contexte de répression des droits humains par les autorités russes, les mécanismes mis en place par la FIFA ainsi que ses engagements vont être mis à l’épreuve. Amnesty International a demandé à la fédération internationale du football de se tenir prête à affronter les autorités russes, et à utiliser tous les leviers dont elle dispose pour protéger efficacement les défenseurs des droits humains et pour faire en sorte que la Coupe du monde 2018 ne s’accompagne pas d’une nouvelle vague de répression.