Russie. Condamnation du meurtrier d’une journaliste

La condamnation du meurtrier de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, prononcée vendredi 14 décembre, est une avancée bienvenue, mais le parquet ne doit pas abandonner avant que les personnes ayant commandité ce crime soient traduites en justice, a déclaré Amnesty International le jour-même.

Dimitri Pavlioutchenkov, un ancien policier, a été déclaré coupable et condamné à 11 ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité. Le procès de cinq autres personnes ayant aidé cet homme à espionner et assassiner Anna Politkovskaïa est censé s’ouvrir en mars 2013.

" Si nous nous félicitons de la décision rendue aujourd’hui et du fait que des poursuites aient enfin été engagées contre les meurtriers présumés d’Anna Politskovskaïa, l’affaire ne pourra véritablement être close que lorsque ceux qui ont ordonné son meurtre seront connus et traduits en justice ", a rappelé John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Journaliste et défenseure des droits humains connue pour ses articles critiques écrits depuis la Tchétchénie, Anna Politkovskaïa a été abattue dans l’ascenseur de son immeuble le 7 octobre 2006. " Nous exhortons le parquet à continuer à faire surgir la vérité, qu’elle soit dérangeante sur le plan politique ou non ", a poursuivi John Dalhuisen. Malgré une négociation spéciale de sa peine en échange d’éléments à charge contre ceux qui ont ordonné la commission de cet homicide, Dimitri Pavlioutchenkov n’a nommé que deux figures de l’opposition en exil, ce que la famille d’Anna Politkovskaïa a qualifié de témoignage " motivé par des considérations politiques ".

Les avocats de la famille, qui souhaitent que Dimitri Pavlioutchenkov écope d’une peine plus lourde, prévoient de faire appel. Amnesty International demande une meilleure protection pour les journalistes et les défenseurs des droits humains en Russie, ainsi que la fin des restrictions à la liberté d’expression. Depuis la mort d’Anna Politkovskaïa, journalistes et défenseurs des droits humains continuent à être la cible d’agressions et de menaces, et l’impunité reste la règle quand l’un d’entre eux est victime de meurtre. Parmi les mesures restrictives récemment adoptées figurent la repénalisation de la diffamation, et l’introduction par un député de la majorité d’une proposition de loi qui limiterait la couverture des " informations négatives " par les médias.

Cela pourrait constituer une forme de censure et une restriction indue du droit d’accéder à l’information. " Le gouvernement russe doit perdre l’habitude toxique d’essayer de réduire au silence les personnes dont les opinions sont divergentes ou critiques ", a conclu John Dalhuisen.