La réunion des chefs d’État de l’Union africaine (AU) s’ouvrant mercredi 29 janvier doit aborder le problème de l’amplification de la crise en République centrafricaine. Il faut que les dirigeants africains veillent à ce que les forces de maintien de la paix soient rapidement déployées dans leur intégralité, afin de protéger les civils risquant de faire l’objet d’attaques à tout moment dans certaines zones rurales.
Au cours de la semaine écoulée, Amnesty International a recueilli des informations de première main sur le massacre de civils chrétiens et musulmans dans le nord-ouest de la République centrafricaine. La présence de forces internationales de maintien de la paix dans ces zones est indispensable à la prévention de nouvelles atrocités, en particulier à l’heure où des milices rivales convergent vers la région.
« Il y a un véritable danger que ce qui constitue déjà une catastrophe humaine ne s’aggrave encore. Les forces de maintien de la paix ont un impact dans les secteurs où elles sont déployées, mais elles sont notablement absentes de vastes zones du Nord-Ouest. Là, des villes ont été attaquées et le risque que de nouvelles atrocités soient commises est bien réel », a déclaré Donatella Rovera, conseillère principale sur les situations de crise à Amnesty International, qui se trouve actuellement dans la région.
Des affrontements armés ayant opposé des milices anti-balaka et ce qui reste des forces de l’ancienne Séléka et leurs sympathisants, au cours de la semaine écoulée, se sont soldés par des homicides illégaux et des blessures infligées à des civils, ainsi que par l’incendie de milliers d’habitations. Deux conseillères d’Amnesty International sur les situations de crise font remonter des informations depuis les zones situées aux alentours de Baoro, Bossembélé et Bozoum.
« Nous craignons que les civils ne paient un prix très élevé pour les retards enregistrés par l’AU en République centrafricaine. Il faut mettre à profit la réunion des chefs d’État mercredi 29 janvier pour que les troupes n’ayant pas encore été déployées le soient rapidement et efficacement, et qu’elles puissent remplir leur mandat de protection des civils », a déclaré Netsanet Belay, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.
Des soldats chargés du maintien de la paix ont été envoyés en République centrafricaine avec un mandat clair : protéger les vies civiles. Quand ils ont été déployés, cela a changé la donne sur le terrain, mais les événements récents montrent qu’ils doivent être envoyés dans des zones où les civils courent un danger réel et imminent.
L’absence de moyens de transport, de services de base ou d’aide humanitaire font que les civils déplacés par ce conflit se retrouvent coincés, sans possibilité de se réfugier en lieu sûr ni aucun soutien, et exposés au risque réel d’être attaqués.