Recrudescence des exécutions en Irak : 38 personnes ont été pendues en quatre jours

Certaines informations ont laissé entendre le 22 janvier que les autorités irakiennes avaient procédé en secret à 12 exécutions, ce qui porte à 38 le nombre de prisonniers mis à mort depuis le 19 janvier, a déclaré Amnesty International.

« Le recours croissant à la peine de mort en Irak ne fera qu’alimenter les violences, d’autant que nombre des personnes exécutées sont condamnées au terme de procès manifestement iniques, a indiqué Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient.

« Le seul moyen de faire face aux problèmes de sécurité en Irak consiste à réformer le système judiciaire déficient, qui permet de recevoir à titre de preuves au tribunal des " aveux " extorqués sous la torture et qui envoie à la potence de nombreux accusés. »

Le 21 janvier, le ministère irakien de la Justice a publié une déclaration confirmant que 26 hommes avaient été exécutés deux jours auparavant, le 19 janvier. Parmi eux figurait Adel al Mashehadani, connu pour avoir mené des attaques motivées par l’intolérance religieuse, d’après le ministère de la Justice.

Amnesty International confirme via des sources indépendantes qu’au moins 12 autres hommes ont également été mis à mort.

L’organisation a appris que le même jour, le bureau de la présidence a ratifié quelque 200 dossiers de condamnés à mort, ouvrant la voie à leur exécution. En Irak, toutes les condamnations à mort confirmées judiciairement doivent être ratifiées par la présidence avant d’être appliquées.

La plupart des prisonniers exécutés dimanche, tous des hommes irakiens, ont été reconnus coupables de terrorisme, au titre de la loi antiterroriste de 2005.

Amnesty International craint que les autorités irakiennes ne se servent de la violence que connaît actuellement la province d’al Anbar pour accélérer le rythme des exécutions et montrer qu’elles s’attachent à protéger les civils contre le terrorisme et les attaques des groupes armés.

Ces exécutions interviennent moins d’une semaine après la visite en Irak du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a invité les autorités à instaurer un moratoire sur les exécutions.

Le Premier ministre irakien, Nuri al Maliki, a énergiquement rejeté cet appel, déclarant lors d’une conférence de presse conjointe que les autorités « ne croient pas qu’il faille respecter les droits de quelqu’un qui tue des gens ».