Pakistan. 100 personnes envoyées au gibet depuis la levée du moratoire sur la peine de mort

Il est navrant de constater que le Pakistan atteint aujourd’hui la barre de la 100e exécution depuis la levée du moratoire sur les exécutions en décembre 2014, a déclaré Amnesty International. Le pays se bâtit la réputation de compter parmi ceux qui exécutent le plus au monde.

Amnesty International a recensé mardi 28 avril la 100e exécution au Pakistan, depuis que le moratoire a été levé le 17 décembre 2014, au lendemain de l’attentat perpétré par les talibans contre une école à Peshawar. Munir Hussain, condamné à mort pour meurtre, a été pendu dans la province du Pendjab ce matin.

« En atteignant ce jalon honteux de la 100e execution en un peu plus de quatre mois, les autorités pakistanaises témoignent de leur mépris absolu pour la vie humaine. Nous sommes d’autant plus préoccupés que les procès s’avèrent bien souvent iniques et sont loin de respecter les normes minimales inscrites dans le droit international. Cette frénésie meurtrière ne contribuera en rien à remédier aux causes profondes de la criminalité et du terrorisme, et il faut y mettre un frein, a déclaré David Griffiths, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Les exécutions au Pakistan se sont accélérées de manière alarmante ces dernières semaines et sont devenues quasi quotidiennes. Si le gouvernement ne rétablit pas immédiatement de moratoire sur les exécutions, on ne peut dire combien d’autres vies seront anéanties cette année.

« Des crimes graves comme le meurtre et les actes terroristes sont totalement répréhensibles, mais tuer des gens au nom de la justice n’a pas d’effet particulièrement dissuasif. Ceux qui commettent des crimes doivent être jugés dans le cadre de procès équitables, mais sans recourir à la peine de mort. »

Parmi les milliers de personnes en danger figure Shafqat Hussain, qui selon ses avocats était mineur au moment de son procès, au cours duquel des preuves obtenues sous la torture ont été retenues contre lui.

À ce jour, 140 pays sont abolitionnistes en droit ou en pratique. Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quels que soient la nature ou les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence de son auteur, ou la méthode utilisée par l’État pour l’exécuter.