Non à la répression, oui aux droits humains en Syrie

Combien de personnes devront encore être tuées en Syrie ? La décision irresponsable et choquante de la Russie et de la Chine d’opposer une nouvelle fois leur veto au projet de résolution présenté par le Conseil de sécurité des Nations unies le 04 février dernier, a pour conséquence de protéger de la justice les responsables présumés des violations des droits humains en Syrie et de leur permettre de continuer de faire couler le sang du peuple syrien, en toute impunité. Depuis le début de l’année 2011, un vent de contestation souffle sur tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Des citoyens ordinaires, de tous âges, de tous milieux, sont descendus dans les rues pour exiger des réformes, bravant les dirigeants au pouvoir, qui depuis des décennies foulent au pied leurs droits les plus fondamentaux, continuant de profiter des fruits du pouvoir et de les dilapider. C’est ainsi que le peuple syrien a décidé lui-aussi de faire son « printemps arabe » et de réclamer que ses droits soient enfin respectés et que des réformes soient mises en place. Mais si cette vague de contestation a fini par emporter les dirigeants installés de longue date à la tête de la Tunisie, de l’Egypte, de la Lybie et du Yémen, il en va pour l’instant tout autrement en Syrie. Lorsque les manifestations ont commencé mi-mars, le président Bashar el Assad et son gouvernement se sont entêtés et accrochés au pouvoir. Au fur et à mesure que les protestations du peuple syrien montaient en puissance, la violence exercée par le gouvernement et ses forces armées et de sécurité est allée crescendo, faisant basculer la Syrie dans l’horreur. Des milliers de syriens ayant participé ou soupçonné d’être liés aux diverses manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays, ont été tués et/ou arrêtés. Fin décembre, les Nations unies estimaient à plus de 5 000 le nombre de personnes tuées. Les forces de sécurité syriennes ont fait usage d’une force très excessive en utilisant des tireurs embusqués pour tirer sur des groupes de manifestants pacifiques et des chars militaires pour bombarder des zones résidentielles, en arrêtant arbitrairement et en détenant au secret dans des lieux inconnus où les actes de torture et les autres formes de mauvais traitements seraient courants, nombre de personnes ayant participé ou étant liées aux manifestations, en agressant des patients blessés considérés comme des opposants au sein même des hôpitaux, transformant les établissements hospitaliers et le personnel médical en instruments de la répression. L’engagement tardif de la Communauté internationale et de la Ligue arabe pour prendre des mesures face à cette répression sanglante et l’entêtement de certains Etats membres de l’ONU qui continuent de faire obstacle aux efforts menés au sein du Conseil des droits de l’homme et d’autres organes des Nations unies pour mettre fin à ces crimes contre l’humanité, a abouti à la situation tragique que nous connaissons aujourd’hui. Depuis vendredi dernier, un peu plus de 200 personnes ont été tuées à Homs. Pendant que le ministre russe des Affaires Etrangères, Mr Sergei Lavrov, rencontrait le président Bashar el Assad à Damas, les forces de sécurité syriennes ont continué et intensifié leurs bombardements implacables sur Homs. Depuis le 16 mars 2011, Amnesty n’a cessé de dénoncer la répression syrienne et de faire pression pour qu’une action énergique soit prise afin de mettre un terme au déferlement de violence en Syrie. L’organisation demande instamment :  Au Conseil de sécurité que le dossier syrien soit confié au procureur de la CPI, qu’un embargo total sur les armes à destination de la Syrie soit mis en place et que les avoirs du président Bachar et Assad et de toute personne ayant ordonné ou perpétré de graves violations des droits humains soient gelés ;  A la Russie de faire pression officiellement et officieusement sur les autorités syriennes pour qu’elles cessent immédiatement les bombardements sur Homs ;  A la Ligue arabe de continuer ses efforts diplomatiques et de saisir l’opportunité lors de son Conseil des ministres de ce week-end pour continuer d’exercer sa pression sur le gouvernement syrien et sur les autres gouvernements lui apportant leurs soutiens. Afin d’apporter son soutien au peuple syrien, AI-Luxembourg organise une marche de solidarité pour la Syrie ce samedi 11 février à 17H30, dans le cadre de la journée mondiale d’action d’Amnesty en faveur du soulèvement des peuples du Moyen- Orient et d’Afrique du Nord. La section luxembourgeoise d’Amnesty invite chaleureusement toutes les personnes qui le souhaitent à rejoindre ses militants qui se rassembleront près de la Gëlle Fra afin de défiler dans les rues de Luxembourg ville pour envoyer un message de soutien et d’espoir au peuple syrien. Cette marche prendra fin sur la place Clairefontaine par le discours du président d’AI-Luxembourg, Mr Frank Wies.