Toutes les charges ont été abandonnées contre Claudia Medina Tamariz, une femme mexicaine qui a été torturée et forcée à formuler de faux aveux en 2012.
Que s’est-il passé ?
En 2012, des soldats ont fait irruption dans la maison de Claudia Medina Tamariz, mère de trois enfants. Ils l’ont arrêtée et l’ont emmenée dans une base navale locale. Pendant plusieurs jours, Claudia a subi de terribles tortures, notamment des décharges électriques et des abus sexuels.
Afin de ne plus être torturée, Claudia avait signé une déclaration qu’elle n’avait pas lue. Elle a découvert plus tard qu’il s’agissait de faux aveux établissant son appartenance à une bande criminelle.
Claudia a continué à clamer son innocence. Aujourd’hui, toutes les accusations portées contre elle ont été abandonnées.
La torture au Mexique
En théorie, le Mexique est plutôt bon élève en termes de prévention de la torture : parmi différents textes de lois, il a ratifié notamment la Convention des Nations Unies contre la torture. Cependant, malgré ces lois, le gouvernement autorise l’utilisation de la torture pour obtenir des aveux, que les tribunaux mexicains acceptent régulièrement.
Au cours des dix dernières années, il y a eu une augmentation de 600% du nombre de cas de torture. Entre 2010 et la fin 2013, la Commission nationale des droits de l’homme a reçu plus de 7000 plaintes de torture. Des survivants issus de toutes les régions du Mexique ont rapporté plusieurs techniques de torture, y compris des simulacres d’exécution, des coups et blessures, des positions de stress, asphyxie, des chocs électriques et de la violence sexuelle.
Une enquête élaborée par Amnesty International a récemment rapporté que pas moins de 64% des citoyens mexicains ont peur d’être torturés s’ils étaient arrêtés par la police.
Comment Amnesty a-t-elle répondu?
Au moment où Amnesty International a entendu parler de l’affaire de Claudia, les militants et sympathisants à travers le monde sont passés à l’action. Amnesty International Luxembourg a recueilli plus de 600 signatures pour une pétition demandant au procureur général fédéral du Mexique d’abandonner toutes les charges contre Claudia Medina, de mener une enquête complète, rapide et impartiale sur le cas, de rendre les résultats publics et de traduire les responsables en justice. Au total, 343 000 personnes issues de 117 pays ont signé la pétition mondiale.
Le cas de Claudia a eu beaucoup de couverture médiatique, et les personnes qui soutenaient Claudia ont organisé des manifestations à travers le monde pour montrer leur soutien. " Savoir que je n’étais pas seule a fait une grande différence", a déclaré Claudia.
Quel avenir?
Bien que l’abandon des charges est une excellente nouvelle pour Claudia Medina Tamariz et tous ceux qui ont contribué à cette campagne, il reste des choses à faire.
Le procureur général fédéral doit s’assurer qu’une enquête complète et impartiale soit effectuée, comme prévu dans le Protocole d’Istanbul internationalement reconnu. Il faut que les responsables de ces abus soient tenus de rendre des comptes.
De nombreuses autres personnes risquent la torture au Mexique, c’est pourquoi Amnesty International continuera à faire campagne pour les protéger, tant au niveau des cas individuels qu’au niveau d’une réforme nationale.