La condamnation d’une victime de viol à une peine de flagellation a été annulée, mais l’adolescente de 15 ans n’aurait jamais dû faire l’objet de poursuites pénales, a déclaré Amnesty International.
Mercredi 21 août, une haute cour maldivienne a annulé la peine de 100 coups de fouet et l’assignation à domicile prononcées contre une adolescente de 15 ans, car elle avait eu des relations sexuelles hors mariage. L’adolescente, déclarée coupable de « fornication » en février 2013, aurait également été victime à plusieurs reprises de violences sexuelles par son beau-père.
« Il est évident qu’il fallait annuler cette condamnation. Nous sommes soulagés de savoir que l’adolescente n’aura pas à subir ce châtiment inhumain reposant sur une déclaration de culpabilité scandaleuse qui, nous l’espérons, sera également annulée, a déclaré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
« Personne ne devrait jamais être poursuivi pour des relations sexuelles hors mariage. En outre, les victimes de violences sexuelles ont besoin d’être aidées psychologiquement et non d’être punies. Le gouvernement doit veiller à ce que l’adolescente ait en permanence accès à des services d’assistance adaptés.
« La flagellation enfreint les normes les plus élémentaires qui interdisent la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les autorités maldiviennes doivent respecter les obligations qui sont les leurs en vertu du droit international. Cela signifie qu’elles doivent de toute urgence instaurer un moratoire sur les flagellations, annuler toutes les peines de flagellation prononcées et faire en sorte que le Code pénal interdise les poursuites ou les sanctions pour “fornication” », a-t-elle ajouté.
Les poursuites pénales engagées à l’encontre d’une personne pour « fornication » bafouent les droits à la vie privée, à la liberté d’expression et à l’autonomie corporelle de cette personne. Elles sont utilisées de manière disproportionnée et discriminatoire à l’encontre des femmes aux Maldives.
Complément d’information
L’adolescente a été arrêtée après que le corps du bébé dont elle avait accouché eut été découvert enterré à proximité de son domicile, sur l’île Feydhoo, en juin 2012. Le beau-père de l’adolescente aurait été inculpé de violences sexuelles et de meurtre, et la mère de celle-ci de dissimulation d’un crime.
Le 25 février 2013, un tribunal pour mineurs de la capitale maldivienne, Malé, avait condamné la jeune fille à 100 coups de fouet et à huit mois d’assignation à domicile pour « fornication ». Le tribunal a indiqué que cette décision n’avait rien à voir avec les violences sexuelles commises par le beau-père.
En 2009, au moins 180 personnes se sont vu infliger une peine de flagellation pour « fornication ». Certaines ont été victimes de viol et d’autres formes de violences sexuelles. Lors d’une visite aux Maldives en avril 2013, des délégués d’Amnesty International ont rencontré une femme et une adolescente qui ont raconté avoir été personnellement soumises à ces sévices.
Selon des informations communiquées par les médias, près de 90 % des personnes reconnues coupables de « fornication » aux Maldives en 2011 étaient des femmes.