Manifestations pour la justice raciale suite à la mort de George Floyd lors d'un violent affrontement avec la police dans le Minnesota. Centre de Washington, DC, États-Unis, 3 juin 2020. © Amnesty International (Photo: Alli Jarrar)

L’UE « pratique la politique de l’autruche » alors que des centaines de migrants ont encore péri au large de l’Italie

L’Union européenne (UE) et ses États membres doivent avoir honte après des informations parues le 11 février au matin, selon lesquelles environ 300 migrants auraient péri en haute mer au large de l’île italienne de Lampedusa, a déclaré Amnesty International.

« Cette nouvelle tragédie réalise nos pires craintes quant à la fin de l’opération italienne de recherche et de sauvetage Mare Nostrum et révèle les conséquences prévisibles de l’absence de solution de remplacement adaptée fournie par l’UE », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« La crise humanitaire qui a nécessité la mise en place de Mare Nostrum n’a pas disparu. À l’heure où des personnes continuent de fuir la guerre et la persécution, les États membres de l’UE doivent cesser de pratiquer la politique de l’autruche quand des centaines de migrants périssent en mer. »

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de migrants arrivés clandestinement par la mer en janvier 2015 a augmenté d’environ 60 % par rapport au même mois l’an dernier, lorsque Mare Nostrum était en place. Cela montre bien l’absurdité des théories affirmant que cette opération de recherche et de sauvetage – dont la fin a connu un grand retentissement – encourageait les migrants à emprunter ce dangereux itinéraire.

L’opération européenne Triton, censée remplacer Mare Nostrum, n’est pas axée sur la recherche et le sauvetage, n’intervient pas systématiquement dans les eaux internationales et se trouve nettement plus restreinte en termes de capacités.

« L’équation est simple : à mesure que le nombre de migrants empruntant ce périlleux itinéraire maritime augmentera et que les ressources consacrées à la recherche et au sauvetage diminueront, de plus en plus de personnes mourront », a déclaré John Dalhuisen.

Lundi 9 février, 29 migrants sont morts, la plupart d’hypothermie, après le sauvetage par les gardes-côtes italiens d’un canot pneumatique transportant 106 personnes, dont des enfants. Selon certaines sources, cette opération de sauvetage était extrêmement difficile en raison des conditions météorologiques très mauvaises.

D’après les médias italiens, neuf rescapés de deux bateaux ont informé les gardes-côtes que plus de 200 migrants se trouvaient à bord de deux autres canots pneumatiques, tandis qu’un troisième, selon des informations non confirmées, aurait disparu sans aucun survivant. Quelque 100 personnes supplémentaires seraient donc décédées. Selon les déclarations des gardes-côtes, les canots dérivaient dans des conditions extrêmes, avec des vagues de huit mètres et des températures dépassant à peine zéro degré. Il semble que les victimes étaient âgées de 18 à 25 ans et originaires d’Afrique subsaharienne.

« Il est possible que les gardes-côtes aient fait ce qu’ils pouvaient avec les ressources dont ils disposaient. De toute évidence, celles-ci n’étaient pas suffisantes. Si les États membres de l’UE ne s’engagent pas à augmenter nettement les capacités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, les tragédies de ce type ne feront que se multiplier », a déclaré John Dalhuisen. 

Lire le rapport « Des vies à la dérive. Réfugiés et migrants en péril en Méditerranée »