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L’Iran a encore la possibilité d’épargner six sunnites condamnés à mort

Six sunnites issus de la minorité kurde d’Iran risquent d’être pendus dans les heures qui viennent, après que les autorités iraniennes les ont placés en quarantaine mardi 3 mars dans la matinée dans une section spéciale de la prison de Rajai Shahr à Karaj, a déclaré Amnesty International en demandant une nouvelle fois aux autorités d’épargner ces hommes.

L’exécution par pendaison d’Hamed Ahmadi, Jahangir Dehghani, Jamshid Dehghani, Kamal Molaee, Hadi Hosseini et Sediq Mohammadi pourrait avoir lieu dès mercredi 4 mars. Ils ont entamé une grève de la faim en signe de protestation. Ces hommes ont été condamnés à la peine capitale par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, après avoir été déclarés coupables d’« inimitié à l’égard de dieu » (moharebeh), une infraction rédigée en termes vagues, bien qu’ils nient toute implication dans des activités armées ou violentes.

Les familles des prisonniers ont dit à Amnesty International qu’elles sont actuellement en route pour Karaj, à sept heures de chez elles, après que les autorités carcérales leur ont annoncé qu’elles pouvaient rendre visite à leurs proches une dernière fois.

« Ces terribles adieux ne sont pas un passage obligé. Nous demandons de toute urgence aux autorités iraniennes de renoncer à l’exécution de ces hommes, et d’annuler leur condamnation à mort, qui a été prononcée à l’issue de procès manifestement iniques », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Quatre de ces hommes – Hamed Ahmadi, Jahangir Dehghani, Jamshid Dehghani et Kamal Molaee – sont accusés d’avoir tué un dignitaire religieux sunnite lié aux autorités iraniennes en septembre 2009. Or, ils affirment qu’ils avaient été arrêtés plusieurs mois avant cet homicide.

Ils font partie de 33 Sunnites se trouvant actuellement dans le quartier des condamnés à mort en Iran. Tous ces hommes affirment avoir été pris pour cible uniquement parce qu’ils pratiquent ou promeuvent leur foi, notamment en prenant part à des rassemblements religieux sunnites et en diffusant des matériels de lecture religieux.  

« Les autorités iraniennes jouent depuis trop longtemps avec la vie de ces prisonniers, causant à ces hommes et à leurs proches des souffrances inimaginables, en procédant notamment à plusieurs simulacres d’exécution et en reportant des exécutions au dernier moment. Il est grand temps que les autorités mettent fin à cette pratique cruelle et permettent aux prisonniers de demander une révision judiciaire de leur cas auprès de la Cour suprême », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

En juin 2014, les autorités iraniennes ont renoncé à l’exécution de quatre de ces hommes à la suite d’appels lancés par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains. Les autorités avaient alors promis de laisser les prisonniers s’entretenir avec un avocat de leur choix, si les familles mettaient fin à un sit-in de protestation devant la prison. Cependant, sept mois plus tard, elles n’ont toujours pas autorisé les avocats des condamnés à les rencontrer ni même à consulter leur dossier.

Selon certaines informations reçues par Amnesty International, les autorités n’ont pas informé les avocats des six hommes que l’exécution est programmée pour mercredi 4 mars, bien que le droit iranien prévoie que ceux-ci doivent être notifiés 48 heures à l’avance.

En vertu de modifications récemment apportées au Code pénal iranien, l’appareil judiciaire est tenu de réviser le cas de ces six hommes et d’annuler leur condamnation à mort s’ils n’ont pas utilisé d’armes.

L’Iran se situe juste derrière la Chine sur la liste des pays du monde où l’on exécute le plus. En 2013, selon des chiffres recueillis par Amnesty International, les autorités iraniennes ont officiellement reconnu avoir procédé à 369 exécutions. Des sources fiables ont cependant indiqué que des centaines d’autres exécutions ont eu lieu cette année-là, portant le nombre de mises à mort à plus de 700. La tendance s’est confirmée depuis lors, et ce sont en particulier les minorités ethniques et religieuses iraniennes qui sont touchées. Amnesty International donnera le nombre de condamnations à mort et exécutions recensées en Iran en 2014 dans un rapport qui sera rendu public en avril.