Les statistiques sur la peine de mort en 2013:une augmentation significative des executions en Iran et Irak

LA CHINE A DE NOUVEAU EXECUTE DES MILLIERS DE PERSONNES. L’IRAN, L’IRAK ET L’ARABIE SAOUDITE ONT ETE RESPONSABLES DE 80% DES EXECUTIONS DANS LE MONDE SI L’ON EXCEPTE LA CHINE.

Luxembourg, 27 mars 2014. Deux pays sont à l’origine d’une augmentation alarmante du nombre d’exécutions dans le monde en 2013 : l’Iran (369 exécutions) et l’Irak (169 exécutions). En 2013 ces deux pays ont exécuté 100 personnes de plus qu’en 2012. Ensemble avec la Chine, l’Arabie Saoudite (79 exécutions), les Etats-Unis (39 exécutions) et la Somalie (34 exécutions), ces Etats vont à l’encontre de la tendance mondiale à l’abolition de la peine de mort, conclut Amnesty International dans son rapport annuel sur les condamnations à mort et les exécutions dans le monde.

Amnesty International s’inquiète également de la reprise des exécutions, après une interruption prolongée, en Indonésie, au Koweït, au Nigeria et au Viêt-Nam.

« Le fait que la majorité des exécutions ont été commises par seulement quelques pays est à la fois bouleversant et embarrassant. » a déclaré Stan Brabant, directeur d’Amnesty International Luxembourg. « Sans compter la Chine, 80% des exécutions ont eu lieu dans trois Etats : l’Iran, l’Irak et l’Arabie Saoudite. Malgré cela, on se réjouit des petits succès qu’il y a eus dans toutes les autres parties du monde. Dans la plupart des pays, les exécutions appartiennent au passé.» De par le monde, 140 pays, à savoir plus des deux-tiers, sont abolitionnistes en droit ou en pratique.

Depuis 2009, Amnesty International ne publie plus les chiffres sur les exécutions et les condamnations à mort en Chine car ces données sont classées secret d’État. Selon l’organisation des milliers de personnes y sont exécutées chaque année – plus que dans tous les autres pays du monde réunis.

A la connaissance d’Amnesty International, sans compter la Chine, au moins 778 exécutions ont eu lieu en 2013, contre 682 en 2012. Ces exécutions se sont produites dans 22 pays, soit un de plus qu’en 2012. Au moins 1925 personnes (contre 1722 en 2012) dans 22 pays (contre 21 en 2012) ont été condamnées à mort en 2013. Mais selon Amnesty International, en Iran, des centaines d’exécutions n’ont pas été officiellement confirmées.

« Comme d’autres Etats, l’Iran garde secrets les chiffres sur les condamnations à mort et les exécutions. De plus, souvent les procès là-bas ne respectent pas les normes internationales en matière de droits humains. », explique Stan Brabant. « En Irak, la majorité des condamnations à mort ont eu lieu en vertu de lois antiterroristes assez floues. C’est aussi très choquant que l’Arabie Saoudite a exécuté trois mineurs. »

Amnesty International a constaté des progrès dans toutes les régions du monde pendant l’année écoulée. Aux Etats-Unis, le Maryland est devenu le 18ème Etat à abolir la peine de mort. Pour la première fois depuis 2009, aucune exécution n’a été enregistrée en Europe ni en Asie centrale. Beaucoup de pays qui avaient mis à mort des condamnés en 2012 n’ont procédé à aucune exécution en 2013 ; c’est le cas notamment de la Gambie, des Émirats arabes unis et du Pakistan. Le Bahreïn, le Benin, la Jamaïque et le Tchad n’ont prononcé aucune condamnation à mort en 2013. Le Bénin, les Comores, le Ghana, le Liberia et la Sierra Leone ont pris des mesures importantes en faveur de l’abolition de la peine capitale, soit en révisant leur Constitution, soit en proposant des modifications de leur Code pénal.

INFORMATION COMPLEMENTAIRE

METHODES ET CRIMES

En 2013, les méthodes d’exécution utilisées ont été notamment la décapitation, l’électrocution, le peloton d’exécution, la pendaison et l’injection létale. Des exécutions publiques ont eu lieu en Arabie saoudite, en Corée du Nord, en Iran et en Somalie. Des personnes ont été condamnées à la peine capitale pour des crimes n’ayant pas entraîné la mort, tels que des vols avec violence, des infractions à la législation sur les stupéfiants et des crimes économiques, mais aussi pour des actes qui ne devraient même pas être considérés comme des crimes, comme l’« adultère » et le « blasphème ». De nombreux pays ont utilisé le prétexte de « crimes » politiques, définis en termes vagues, pour exécuter des dissidents réels ou supposés.

SITUATION RÉGION PAR RÉGION

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Pour la troisième année consécutive, l’Irak a connu une forte augmentation des exécutions. Au moins 169 personnes ont été exécutées, soit près d’un tiers de plus qu’en 2012. La grande majorité d’entre elles ont été condamnées en vertu de lois antiterroristes assez floues. En Iran, au moins 369 exécutions officiellement reconnues par les autorités ont été dénombrées en 2013. Selon des sources crédibles, plusieurs centaines d’autres auraient eu lieu en secret, portant le total à plus de 700. Le nombre d’exécutions en Arabie saoudite est resté aussi élevé que les deux années précédentes (au moins 79 en 2013). Pour la première fois depuis trois ans, ce pays a exécuté trois mineurs délinquants, en violation du droit international. La région a aussi connu quelques modestes avancées positives. Ainsi, pour la première fois depuis trois ans, personne n’a été mis à mort dans les Émirats arabes unis, et le nombre d’exécutions a diminué au Yémen pour la deuxième année consécutive.

Afrique

En Afrique subsaharienne, seuls cinq pays ont exécuté des prisonniers : le Botswana, le Nigeria, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud. Le Nigeria, la Somalie et le Soudan ont été responsables de plus de 90 % des exécutions dans la région. Le nombre d’exécutions signalées en Somalie est passé de six en 2012 à au moins 34 en 2013. Au Nigeria, pour la première fois depuis sept ans, quatre hommes ont été exécuté. Ils ont été pendus après des déclarations du président Goodluck Jonathan donnant le feu vert à une reprise des exécutions dans le pays.

Amériques

Une fois de plus, les États-Unis ont été le seul pays à procéder à des exécutions dans la région en 2013, même si leur nombre (39) a baissé par rapport à 2012 (43). L’État du Texas a été à lui seul responsable de 41 % de ces exécutions. Parallèlement, le Maryland est devenu le 18e État des États-Unis à abolir la peine de mort. Pour la première fois depuis qu’Amnesty International tient des statistiques (1980), plusieurs pays des Grandes Caraïbes n’ont signalé aucun détenu en attente d’exécution.

Asie

En 2013, les exécutions ont repris en Indonésie et au Viêt-Nam. L’Indonésie a eu recours à la peine de mort pour la première fois depuis quatre ans – cinq hommes ont été exécutés en 2013, dont deux pour trafic de stupéfiants. La Chine a continué d’exécuter plus de prisonniers que tous les pays du monde réunis. Toutefois, il est impossible d’obtenir des chiffres fiables sur l’application de la peine capitale dans ce pays car ces données sont classées secret d’État. Des améliorations modestes ont cependant été constatées : les accusés passibles de la peine de mort bénéficient de nouvelles protections juridiques, et la Cour suprême a annoncé la fin des prélèvements d’organes sur les prisonniers exécutés.

À Singapour, aucune exécution n’a été signalée et plusieurs condamnations à mort ont été commuées. Dans la sous- région du Pacifique, la peine de mort n’a pratiquement pas été utilisée, malgré les menaces de la Papouasie-Nouvelle- Guinée de reprendre les exécutions.

Europe et Asie centrale

Pour la première fois depuis 2009, personne n’a été exécuté dans cette région. Le seul pays qui a encore recours à la peine de mort est le Belarus, mais il n’a procédé à aucune exécution en 2013.