Les paroles du Premier ministre turc ne feront qu’exacerber la violence

Mardi 11 juin, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a annoncé lors d’un discours télévisé qu’il ne ferait plus preuve d’aucune tolérance face aux manifestations secouant le pays depuis près de deux semaines. 

Andrew Gardner, spécialiste de la Turquie à Amnesty International, qui se trouve actuellement à Istanbul, a réagi en déclarant : 

« Le Premier ministre turc essaie de mettre fin au mouvement de protestation récent en imposant un diktat – ce n’est pas ainsi que la liberté de réunion fonctionne. Le Premier ministre Erdogan est désormais personnellement responsable des violences ayant immédiatement suivi sa déclaration. La protestation pacifique doit être respectée, et la communauté internationale doit exhorter le Premier ministre à changer de tactique afin d’éviter de nouvelles effusions de sang injustifiées. » 

À la suite du discours du Premier ministre, des observateurs d’Amnesty International ont signalé qu’au moins 30 grenades lacrymogènes avaient été lancées dans le parc Gezi dans la soirée du 11 juin, bien que le gouverneur d’Istanbul se soit engagé plus tôt dans la journée à mettre un terme aux interventions de la police sur place. 

Cela fait désormais près de deux semaines que des militants manifestent contre la construction d’un centre commercial au parc Gezi – adjacent à la place Taksim –, qui est l’un des derniers espaces verts de la ville. 

Depuis le début des manifestations à Istanbul et à travers la Turquie, il y a environ deux semaines, des milliers de manifestants non violents auraient été blessés lors d’interventions policières. 

Jusqu’à trois personnes seraient mortes dans le cadre des manifestations : une victime du recours excessif à la force et deux, dont un policier, tuées dans des accidents. 

Les autorités turques n’ont jusqu’à présent enquêté sur aucune des violations signalées et personne n’a été déféré à la justice.