LES ABSENTS ONT TOUJOURS TORT ? SOIRÉE DÉBAT SUR LA POLITIQUE EUROPÉENNE A L’EGARD DES MIGRANTS

Amnesty International Luxembourg et le Collectif réfugiés ont organisé hier soir à l’Abbaye de Neumünster une soirée débat sur le thème de l’immigration. Cet événement était destiné à sensibiliser l’opinion luxembourgeoise sur les difficultés graves et grandissantes auxquelles sont confrontés les demandeurs de protection internationale en Europe. Une centaine de participants ont assisté à la projection et pris part au débat qui a suivi.

Le film « Le piège de Dublin : la face cachée de la crise grecque » met en évidence l’incapacité de l’Union européenne et de ses Etats membres à assister dignement les demandeurs de protection internationale. En partant de l’exemple de la Grèce, le film décrit méthodiquement, faits à l’appui, l’incapacité et/ou la mauvaise volonté des Etats européens à s’appliquer à eux-mêmes leurs propres principes, notamment les Droits de l’homme les plus élémentaires qui constituent le socle de la construction européenne.

Le débat qui a suivi le film a rassemblé un panel à la hauteur du sujet : Me Olivier Lang, avocat luxembourgeois, spécialiste de la matière et membre du réseau européen d’experts « Odysseus » et Fari Khabirpour, directeur du centre de rétention situé au Findel. Le débat était modéré par Me Frank Wies, avocat et vice-président d’Amnesty International Luxembourg. Le public, marqué par le film, a également pris une part active au débat qui a suivi la projection. Fari Khabirpour est intervenu, à titre personnel, en remplacement du Ministre de l’Immigration Nicolas Schmit, qui s’est fait excuser au dernier moment. Contacté, le Ministère n’avait pas souhaité envoyer de remplaçant.

Plusieurs participants au débat ont établi un rapprochement entre l’absence du Ministre Schmit et d’autres signes négatifs récemment envoyés par le Ministère, comme la fermeture l’an dernier du bureau de l’asile – un cas unique en Europe – ou encore les délais de plus en plus longs pour le traitement des dossiers de demandes d’asile, ainsi que les pressions exercées sur les demandeurs déboutés.

Comme l’indiquait un des intervenants, « il est temps pour le Ministère de mettre de l’ordre dans la maison et d’apporter enfin des réponses appropriées aux défis posés, par exemple en formant son personnel et en cessant toute forme de provocation ou de stigmatisation, notamment dans la presse, envers une population déjà si vulnérable. »

Mardi, en tous cas, à l’exception notable de Monsieur Khabipour, le Ministère de l’Immigration était aux abonnés absents.

Me Wies a conclu le débat en souhaitant que les responsables du service réfugiés luxembourgeois acceptent un débat contradictoire qui permettrait de combattre les préjugés qui peuvent exister tant de leur côté que de celui de la société civile et permettre ainsi une meilleure protection de la dignité et des droits fondamentaux des demandeurs de protection internationale.