Le Luxembourg doit agir contre le traitement choquant que la Hongrie réserve aux réfugiés et migrants

Luxembourg, 27 octobre 2015. Aujourd’hui, lors d’une conférence de presse au siège d’Amnesty International Luxembourg, la directrice d’Amnesty International Hongrie, Orsolya Jeney, a appelé le gouvernement luxembourgeois à agir, dans le cadre de sa présidence de l’UE, contre les violations commises par la Hongrie en relation avec la crise des réfugiés. « L’Union européenne a le pouvoir d’ouvrir des discussions officielles avec la Hongrie concernant les violation des droits des refugiés, et de faire clairement passer le message qu’ « assez, c’est assez » aux États qui bafouent le droit communautaire et international. Il faut agir vite en ce sens avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré ce matin Orsolya Jeney.

« Nous demandons au Luxembourg et aux autres États membres de l’UE de prévenir de nouvelles violations des droits humains en Hongrie, en activant le mécanisme préventif prévu par l’article 7(1) du Traité de l’Union européenne. Ce mécanisme permet au Conseil européen d’envoyer un avertissement aux États membres où il existe "un risque clair de violation grave" de l’Etat de droit et des droits humains », a expliqué David Pereira, président d’Amnesty International Luxembourg.

Le 8 octobre dernier, Amnesty International a publié le rapport Fenced Out qui décrit comment les mesures draconiennes prises par la Hongrie pour contrôler ses frontières ont porté atteinte de manière répétée au droit international.

Face au nombre croissant de demandeurs d’asile dans le pays, les autorités hongroises ont adopté des lois qui restreignent considérablement l’accès au territoire et aux procédures d’asile.  Ainsi, en août 2015, un amendement de la loi sur l’asile a permis à la Hongrie de mettre la Serbie sur une liste des pays d’origine et de transit sûrs, vers lesquels les demandeurs d’asile doivent désormais être renvoyés, sans que l’on ne tienne compte des obstacles importants auxquels ils sont confrontés pour obtenir une protection dans ce pays. Les réfugiés et demandeurs d’asile qui entrent clandestinement en Hongrie risquent par ailleurs des poursuites pénales, ce qui est contraire au droit international relatif aux droits humains.

« La Hongrie fait preuve d’un mépris flagrant pour ses obligations en matière de droits humains. Au lieu de fermer ses frontières avec les pays voisins, la Hongrie devrait travailler avec les autres pays de l’UE et des Balkans pour trouver des solutions collectives et humaines à la crise actuelle. », a déclaré Stan Brabant, directeur d’Amnesty International Luxembourg.

Alors que le Ministre des Affaires étrangères vient de convoquer un nouveau conseil extraordinaire des ministres de l’Union européenne le 9 novembre prochain sur la crise actuelle dans les Balkans, Amnesty International exhorte le Luxembourg et les autres Etats membres de l’UE à demander des comptes à la Hongrie pour ses atteintes répétées aux droits humains.

« Les États membres et les institutions se rejettent la responsabilité de faire respecter les droits humains dans l’UE. Une réponse plus forte aux violations des droits humains, tant par les États membres que par les institutions de l’UE, est indispensable. C’est pourquoi nous appelons la présidence luxembourgeoise de l’UE à davantage agir contre ces violations », a ajouté David Pereira.

En outre, Amnesty International appelle l’Europe à élaborer une stratégie globale afin de garantir des itinéraires sûrs et légaux pour ceux qui fuient les persécutions et les conflits. Il faut de toute urgence assurer des conditions d’accueil adaptées et humaines et des procédures d’asile simplifiées. Les États doivent partager équitablement cette responsabilité d’accueil. « Les pays de l’UE doivent travailler ensemble et élaborer des solutions gérables qui respectent les droits et la dignité des réfugiés et des demandeurs d’asile. Et la présidence luxembourgeoise a un rôle-clé à jouer pour permettre l’émergence de ces solutions », a conclu Orsolya Jeney.

Note aux rédactions :

Depuis plusieurs mois, la section luxembourgeoise travaille très activement sur la question de la protection et de l’accueil des réfugiés en Europe dans le cadre des campagnes internationales d’Amnesty International SOS Europe et Open to Syria. Tout récemment, le bureau d’Amnesty International à Bruxelles a remis plus de 280 000 signatures (dont plusieurs centaines provenant du Luxembourg) à la présidence luxembourgeoise de l’UE pour demander aux dirigeants européens de prendre d’urgence des mesures qui garantissent aux réfugiés arrivant en Europe l’accueil et le soutien auxquels ils ont droit. Au début du mois de septembre 2015, Amnesty International a également publié un Programme pour la protection des réfugiés qui propose 8 mesures concrètes aux dirigeants européens pour répondre à la crise des réfugiés en Europe.

Au mois de septembre, le Collectif Réfugiés Luxembourg (ou Lëtzebuergerflüchtlingsrot, LFR) dont Amnesty International Luxembourg fait partie, a mené deux actions dans le but de sensibiliser le public luxembourgeois à la problématique des réfugiés :  une conférence de presse à travers laquelle il a proposé la mise en œuvre d’une nouvelle politique d’asile au niveau européen, ainsi que la distribution de tracts à la gare de Luxembourg-ville afin d’informer la population des chiffres réels concernant l’accueil des réfugiés dans le monde et au Luxembourg.

Il y a quelques semaines, Amnesty International Luxembourg a également ouvert un « help desk » avant tout destiné à fournir une information administrative et juridique aux personnes demandant la protection internationale au Luxembourg. Ce service est tenu par des bénévoles dotés d’une expertise en matière de droit d’asile.

Des bénévoles d’Amnesty International Luxembourg sont également actifs dans l’organisation d’événements sur le thème des réfugiés. Le dernier événement portant sur le thème des réfugiés syriens a eu lieu à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.

Vu que le thème des réfugiés et des migrants suscite beaucoup d’interrogations parmi les jeunes, la section luxembourgeoise a également lancé une campagne de sensibilisation dans les lycées au Luxembourg. Afin d’en discuter avec les élèves, notre équipe Education des droits humains propose des ateliers interactifs en se basant sur les normes des droits humains et des conventions internationales dont nous essayons de transmettre les notions par l’information, des jeux et des exercices de mise en situation.