L’engagement pris par le Chili de dépénaliser l’avortement dans les cas où la grossesse résulte d’un viol, la vie de la femme est en danger ou le fœtus n’est pas viable, est une avancée positive vers la réalisation et la protection des droits des femmes et des jeunes filles dans ce pays, a déclaré Amnesty International jeudi 19 juin.
Ces réformes ont été annoncées dans le cadre de l’adoption par le Chili des recommandations faites au titre de l’examen périodique universel (EPU) des Nations unies, devant le Conseil des droits de l’homme jeudi 19 juin.
L’avortement est actuellement illégal dans toutes les circonstances au Chili.
" En envisageant de dépénaliser l’avortement, le Chili montre qu’il est disposé à respecter et protéger les droits des femmes et des jeunes filles à la vie et à la non-discrimination ", a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
" Si les réformes proposées font actuellement uniquement référence à la dépénalisation de l’avortement dans trois cas de figure, le Chili reconnaît enfin qu’il convient de mettre la législation sur l’avortement en conformité avec les normes internationales en matière de droits humains, ce qui est un premier pas encourageant dans la bonne direction. "
Le Chili est l’un des cinq pays d’Amérique latine où l’avortement est totalement interdit, les autres étant le Honduras, le Nicaragua, la République dominicaine et le Salvador.
En mai 2014, la présidente chilienne, Michelle Bachelet, a annoncé que le gouvernement commencerait à débattre des réformes relatives à cette loi.
Il est possible cependant que le processus s’avère difficile : les précédents projets de loi, qui auraient autorisé l’avortement dans certaines circonstances, ont à chaque fois été rejetés par le Congrès chilien.
" Le gouvernement chilien doit traduire ces annonces positives en actes et légiférer dès que possible. D’ici là, cette avancée pourrait faire office de déclic pour les gouvernements dominicain, hondurien, nicaraguayen et salvadorien, qui doivent suivre l’exemple du Chili et lancer des plans de protection des droits des femmes dans leur pays ", a déclaré Erika Guevara Rosas.
Lors de l’adoption des conclusions de l’EPU, le Chili a également accepté : de se pencher sur le recours excessif à la force par la police, en particulier lors des manifestations publiques ; d’abroger le décret-loi d’amnistie de 1978, de réformer la loi sur la justice militaire afin qu’elle ne s’applique plus aux civils et de la mettre en conformité avec le droit international relatif aux droits humains.
Complément d’information : L’avortement est devenu totalement illégal au Chili en 1989, sous le régime Pinochet.
L’Examen périodique universel (EPU) est un mécanisme du Conseil des droits de l’homme des Nations unies dans le cadre duquel cet organe évalue régulièrement (tous les quatre ans et demi) la manière dont chacun des 193 États membres de l’ONU s’acquitte de ses obligations et engagements en matière de droits humains.
Il s’agit d’un mécanisme coopératif qui repose sur des informations fiables et objectives et une égalité de traitement de tous les États. Il complète le travail d’autres organes de suivi des traités.
Amnesty International demande à tous les États de dépénaliser l’avortement dans tous les cas et de faire en sorte que les femmes et les jeunes filles puissent y accéder légalement et sans risque, au moins lorsque leur grossesse est le résultat d’un viol ou lorsque leur vie ou leur santé est en danger.
En mars 2014, Amnesty International a lancé une campagne mondiale afin de protéger le droit des personnes de prendre des décisions sur leur santé, leur corps, leur sexualité et la procréation sans avoir à subir le contrôle de l’État, la peur, la coercition ou la discrimination.
La campagne Mon corps, mes droits exhorte les gouvernements à dépénaliser l’avortement.