Manifestations pour la justice raciale suite à la mort de George Floyd lors d'un violent affrontement avec la police dans le Minnesota. Centre de Washington, DC, États-Unis, 3 juin 2020. © Amnesty International (Photo: Alli Jarrar)

La Turquie doit mettre fin aux violences de la police, et enquêter sur la répression des mouvements de protestation à Istanbul

Les autorités turques doivent ordonner à la police de cesser d’utiliser une force excessive contre des manifestants pacifiques à Istanbul et enquêter immédiatement sur les allégations d’atteintes aux droits humains, a déclaré Amnesty International. Plus d’une centaine de personnes ont été blessées lors d’une manifestation pacifique dans un parc du centre-ville.

Les 30 et 31 mai, des policiers ont utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation pacifique contre la destruction du parc Gezi, dans le centre d’Istanbul.

Plus d’une centaine de manifestants auraient été blessés au cours des interventions de la police. Certains ont subi des blessures à la tête et au moins deux personnes ont dû être opérées en urgence.

Les militants d’Amnesty International qui observaient la manifestation ont également été frappés à coups de matraque et aspergés de gaz lacrymogène.

« L’usage de la violence par la police, à cette échelle, semble avoir eu pour seul objectif de nier le droit de manifester pacifiquement et de décourager la participation d’autres personnes », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« L’utilisation de gaz lacrymogènes contre des manifestants pacifiques, dans des espaces confinés où il peut constituer un danger grave, est inacceptable. Cet usage viole les normes internationales relatives aux droits humains et doit prendre fin immédiatement. »

« Les autorités turques doivent ordonner à la police d’arrêter toute utilisation excessive de la force et d’enquêter en urgence sur toute allégation d’abus. Elles ont pour devoir de veiller à ce que chacun puisse exercer son droit à la liberté d’expression et de réunion ».

Vendredi après-midi, la police anti-émeute bloquait l’accès du parc de Gezi. Selon les sources, quelque 4 000 personnes poursuivent leur mouvement de protestation dans cette zone. La police aurait continué d’utiliser des canons à eau pour réprimer la manifestation. Une autre manifestation devait avoir lieu à 19 heures (heure locale), le vendredi soir.

« Toute décision de disperser de force une manifestation pacifique doit être prise en dernier recours, et l’intervention de la police doit toujours être pondérée », a ajouté John Dalhuisen.

Les protestations contre la fermeture du parc Gezi ont commencé le 28 mai, avec quelques centaines de militants.

Le parc de Gezi doit être détruit pour construire un centre commercial, dans le cadre d’un vaste plan de réaménagement de ce quartier situé en plein cœur d’Istanbul.

Les forces de l’ordre font régulièrement usage d’une force excessive pour disperser les manifestations en Turquie.

Il y a quatre semaines, la police d’Istanbul a dispersé violemment une manifestation du 1er mai.