Kenya. Un jugement historique empêche la fermeture du camp de réfugiés de Dadaab

En réaction au jugement du 9 février qui invalide la décision unilatérale de l’État kenyan de fermer le camp de réfugiés de Dadaab, Muthoni Wanyeki, directrice du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International, a déclaré :

" Le 8 février 2017 est un jour historique pour plus de 250 000 réfugiés qui risquaient d’être renvoyés de force en Somalie, où ils auraient probablement été victimes d’atteintes aux droits humains. Ce jugement réaffirme l’obligation qui incombe au Kenya, aux termes de sa Constitution et du droit international, de protéger les personnes qui tentent de fuir les violences et les persécutions. "

"Empêcher la fermeture imminente du camp de réfugiés de Dadaab représente un premier pas crucial sur la voie du respect et de la protection des droits des réfugiés au Kenya. Désormais, il faut que l’État kenyan et la communauté internationale s’efforcent de trouver d’autres solutions pour les réfugiés, notamment de faciliter leur intégration sur place. "

Complément d’information

Le juge J. M. Mativo a estimé que la décision de l’État était discriminatoire et s’apparentait à une punition collective. Il l’a également qualifiée d’excessive, arbitraire et disproportionnée.

La Haute Cour avait été saisie par deux organisations kenyanes de défense des droits humains, la Commission nationale des droits humains et Kituo Cha Sheria, avec le soutien d’Amnesty International ; elles contestaient la constitutionnalité de la décision de fermer le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand au monde, et de démanteler le service ministériel en charge des réfugiés.

Le camp devait fermer ses portes initialement le 30 novembre 2016 mais les autorités avaient annoncé un report de six mois pour " raisons humanitaires ".

En cas de fermeture, plus de 260 000 réfugiés Somaliens n’auraient eu nulle part où aller. La plupart de ceux qui se sont entretenus avec Amnesty International aux fins d’un rapport publié en novembre 2016 ont accusé des représentants de l’État kenyan de les forcer à retourner dans leur pays contre leur gré.