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Israël/TPO. Une commission internationale d’enquête doit être créée pour qu’Israël rende compte de son déplorable usage d’une force excessive lors de manifestations

Amnesty International est consternée et extrêmement préoccupée par le nombre très élevé de Palestiniens tués ou blessés dans le contexte des manifestations de la « Grande marche du retour » dans la bande de Gaza.

Pour toute réponse à ces manifestations, depuis le 30 mars, les forces israéliennes ont tué au moins 102 Palestiniens, dont au moins 12 enfants, deux journalistes et un secouriste. Pas moins de 60 personnes sont mortes en l’espace d’une seule journée, le 14 mai, au cours de manifestations organisées pour marquer 70 années de déplacements et de dépossessions de Palestiniens.

Il ressort des déclarations de témoins oculaires et des preuves vidéo et photographiques disponibles que beaucoup de ces personnes auraient été tuées ou blessées délibérément, alors qu’elles ne représentaient pas une menace imminente pour les soldats et les tireurs d’élite israéliens.

Les forces israéliennes ont utilisé des armes et des munitions militaires à haute vitesse pour disperser les manifestants, blessant environ 3 600 hommes, femmes et enfants palestiniens, un nombre consternant et alarmant. Beaucoup de ceux qui ont échappé à la mort ont subi des blessures qui leur laisseront des séquelles à vie, et devront probablement faire face à des complications, des infections et des handicaps physiques. D’autres personnes, notamment des professionnels de la santé prenant en charge les blessés, ont inhalé des gaz lacrymogènes, et des ambulances ont été partiellement endommagées. Les hôpitaux ont du mal à faire face au nombre important de blessés graves, faute de ressources adaptées et du fait des pénuries chroniques de carburant, d’électricité et de fournitures médicales essentiellement dues au blocus illégal d’Israël.

Certains des manifestants ont commis des actes violents, notamment en lançant des pierres et des cocktails Molotov ou en brûlant des pneus. D’autres ont tenté de franchir la clôture ou d’y pratiquer des brèches. Cependant, à la connaissance d’Amnesty International, aucun des manifestants ne représentait une menace imminente pour les soldats et les tireurs d’élite israéliens qui étaient postés derrière la clôture, et qui étaient protégés par leur équipement, des collines de sable, des drones et des véhicules militaires.

Le nombre élevé d’homicides manifestement illégaux commis, y compris d’homicides qui pourraient avoir été volontaires, et de blessures infligées dans le contexte de ces récentes manifestations est sans précédent ; il est indispensable que des comptes soient rendus, ce qu’Amnesty International ne pense qu’Israël soit disposé à faire. L’armée israélienne a annoncé en avril qu’elle allait ouvrir une enquête sur certains de ces homicides. Amnesty International estime que cette promesse est insuffisante car Israël, historiquement, n’a jamais fait le nécessaire pour que des enquêtes pénales indépendantes, impartiales, approfondies et transparentes soient menées sur les crimes de guerre présumés et autres violations graves commises dans les territoires palestiniens occupés.

En chargeant une commission internationale d’enquête de mener des investigations sur les circonstances des blessures et des homicides signalés dans le contexte de ces manifestations récentes, le Conseil des droits de l’homme accomplirait un pas important pour que l’obligation de rendre des comptes soit respectée, ce qui est absolument nécessaire pour les nombreuses personnes dont la vie a été brisée par ces violences.