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ISRAËL/TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ. Après le cessez-le-feu : le génocide israélien se poursuit dans la bande de Gaza occupée

Plus d’un mois après l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza le 9 octobre, les autorités israéliennes continuent de commettre un génocide à l’encontre des Palestinien·ne·s dans la bande de Gaza occupée en les soumettant délibérément à des conditions de vie destinées à provoquer leur destruction physique. Israël restreint fortement l’entrée des fournitures et le rétablissement des services essentiels à la survie de la population civile – notamment les aliments nutritifs, les fournitures médicales et l’électricité – tout en limitant strictement les évacuations sanitaires.

Les autorités israéliennes continuent d’interdire l’entrée des équipements et des matériaux requis pour réparer les infrastructures vitales et pour retirer les munitions non explosées, les décombres contaminés et les eaux usées, qui présentent tous des risques graves et potentiellement irréversibles pour la santé publique et l’environnement.

L’expulsion systémique des Palestinien·ne·s de leurs logements et de ce qui constituait jadis les terres les plus arables se poursuit, l’armée israélienne étant déployée sur 58 % de la bande de Gaza. Cette expulsion risque de devenir permanente.

En outre, les actes de génocide commis par les autorités israéliennes n’ont pas fait l’objet de poursuites ni d’investigations, tout au moins aucune qui ait été rendue publique ou reconnue. Au contraire, les crimes atroces commis contre des Palestinien·ne·s, notamment les viols et autres formes de violences sexuelles, les actes de torture et les mauvais traitements infligés aux détenus, continuent de bénéficier d’un soutien politique de haut niveau en Israël et au sein de l’armée.

Le niveau de déshumanisation des Palestinien·ne·s n’a pas fléchi après le cessez-le-feu et le retour des otages, et une nouvelle loi relative à la peine de mort a été proposée qui, au regard de sa formulation actuelle, serait principalement appliquée aux Palestinien·ne·s.

Israël empêche toujours l’entrée dans la bande de Gaza des experts médicolégaux et enquêteurs internationaux, notamment des mécanismes de justice internationale et des mécanismes mandatés par l’ONU, des organisations internationales de défense des droits humains et des médias internationaux. De ce fait, il est impossible de recueillir des preuves susceptibles de disparaître avec le temps, pourtant essentielles en vue de mettre en œuvre l’obligation de rendre des comptes et d’accorder des réparations aux victimes.

Les restrictions imposées à l’aide et au matériel de secours

L’aide limitée à une petite partie de la population ne veut pas dire que le génocide a pris fin ou que les intentions d’Israël ont changé.

Comme énoncé dans le rapport d’Amnesty International sur le génocide à Gaza, l’acte de « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », interdit au titre de l’article II(c) de la Convention sur le génocide, se rapporte à des méthodes de destruction qui n’entraînent pas la mort immédiate de membres du groupe, mais qui, au bout du compte, peuvent entraîner, au fil du temps, leur destruction physique ou biologique.

Ces actes englobent, sans s’y limiter, la soumission d’un groupe de personnes à un régime alimentaire de subsistance, la réduction des services médicaux nécessaires en deçà du minimum, l’expulsion systématique des logements, et « plus généralement, la création de conditions entraînant une mort lente », comme la privation de nourriture, d’eau, de logement, de vêtements adéquats ou d’installations sanitaires. En l’absence d’éléments de preuve directs de l’intention sous-jacente à l’imposition des conditions de vie, c’est-à-dire indiquant si ces conditions étaient destinées à entraîner la destruction physique, la jurisprudence internationale a statué qu’il est possible d’étudier « la probabilité objective que ces conditions entraînent la destruction physique du groupe ». Dans le cadre de l’évaluation de cette probabilité, les facteurs suivants peuvent être étudiés : la nature réelle des conditions de vie, la durée pendant laquelle les membres du groupe y ont été soumis, ainsi que certaines caractéristiques du groupe, comme sa vulnérabilité, particulièrement pour les enfants.

Aucune de ces conditions imposées par Israël n’a changé depuis le rapport publié par Amnesty International en décembre 2024, et l’état de santé physique des Palestinien·ne·s se détériore, les infrastructures nécessaires à leur survie se faisant rares voire inexistantes. Israël refuse toujours de garantir une aide suffisante aux Palestinien·ne·s à Gaza ou de lever son blocus illégal, notamment en ouvrant tous les points de passage, preuve accablante que cet acte génocidaire se poursuit et que les intentions d’Israël n’ont pas changé. Il garde sciemment et délibérément son cap, faisant fi des multiples décisions et avis consultatifs de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a confirmé qu’Israël était tenu en vertu du droit international de fournir denrées alimentaires, produits médicaux et autres produits de première nécessité à la population, et devait coopérer avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) ; elle a aussi jugé illégale son occupation de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. En outre, Israël refuse d’accorder l’accès aux journalistes et aux observateurs des droits humains, tentant ainsi de dissimuler l’ampleur des conséquences de ses actes.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), entre le 10 octobre et le 13 novembre, les autorités israéliennes ont bloqué l’entrée à Gaza de plus de 6 480 tonnes de matériel humanitaire coordonné par différentes agences de l’ONU. Il s’agissait notamment de matériaux pour la construction d’abris et d’équipements essentiels au traitement des eaux usées, à l’entretien et à la réparation des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ainsi qu’à l’enlèvement des munitions non explosées et des décombres contaminés.

Ces restrictions ne font qu’aggraver la situation humanitaire à Gaza, déjà marquée par 18 années de blocus illégal et exacerbée de façon exponentielle par les deux dernières années d’opérations militaires intensives menées par Israël, qui ont partiellement ou totalement détruit les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans toute la bande de Gaza.

Un ingénieur responsable de l’eau et de l’assainissement dans la ville de Gaza a déclaré à Amnesty International que la municipalité ne parvient à fournir qu’un tiers des besoins quotidiens en eau de la population :

« Avant la guerre, nous étions en capacité de fournir 100 000 mètres cubes d’eau par jour, grâce à la principale station de dessalement de la ville, détruite au début du génocide, aux 84 puits municipaux et à un pipeline relié au réseau de distribution de Mekorot en Israël. Avec la destruction totale ou les dommages importants subis par la plupart des puits municipaux, la pénurie de carburant nécessaire pour faire fonctionner les puits privés, le refus des autorités israéliennes d’autoriser l’entrée de pièces de rechange pour réparer les canalisations ou les camions-citernes, nous ne pouvons produire que 35 000 mètres cubes d’eau par jour. De vastes zones de la ville de Gaza n’ont toujours pas l’eau courante… Même les foyers qui reçoivent l’eau sont loin de pouvoir couvrir leurs besoins quotidiens. »

Des ingénieurs des municipalités de Gaza et Deir al Balah, ainsi que ceux de l’autorité chargée de la gestion des eaux côtières dans le sud de Gaza, ont déclaré que les autorités israéliennes avaient rejeté leurs demandes, transmises par l’intermédiaire d’organismes de l’ONU, visant à obtenir l’entrée de pompes de drainage et d’équipements nécessaires à la gestion des eaux usées.

Les 15 et 16 novembre, des pluies diluviennes ont inondé les tentes de milliers de personnes déplacées. Les familles, avec leurs vêtements et leurs affaires trempés, n’avaient aucun endroit où se mettre au sec. Ces scènes terribles offrent un petit aperçu des conditions désastreuses qu’elles vont devoir affronter cet hiver, alors que l’on craint une catastrophe due au débordement des égouts.

Une veuve de 28 ans a déclaré qu’après l’inondation de sa tente par des pluies torrentielles, elle n’a pas réussi à trouver des vêtements et des draps secs pour sa fillette de deux ans.

En décembre 2024, Human Rights Watch a rapporté que, depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont délibérément empêché les Palestinien·ne·s d’accéder aux quantités d’eau nécessaires à leur survie, et a évoqué à ce sujet un acte de génocide. Ces obstacles, toujours en place, ont des répercussions accrues du fait des dégâts causés au cours de l’année écoulée et de l’absence prolongée de réparations.

Selon un père de six enfants, le manque d’accès à l’eau empêche sa famille de retourner dans sa maison à Tal al Hawa, dans la ville de Gaza : « Si au début de la guerre, nous pouvions nous débrouiller, aujourd’hui, nous sommes exténués ; je n’ai plus la force de repartir de zéro, après tant de fois où nous avons été déplacés. »

Une infirmière de 29 ans, retournée vivre avec sa famille à Jabalia, dans le nord de Gaza, après avoir été déplacée à plusieurs reprises, vit désormais dans un abri de fortune installé dans les ruines de leur maison. Elle a déclaré : « Nous n’avons pas d’électricité, pas d’eau, aucune infrastructure. Nous ne pouvons pas pomper l’eau du puits qui se trouve à proximité, faute de carburant pour la pompe, mais nous parvenons à obtenir de petites quantités d’eau dans une école voisine où de nombreuses familles déplacées ont trouvé refuge. » Malgré ces conditions, elle assure que sa famille est dans une situation meilleure que les personnes qui sont encore déplacées et ne savent pas si, ni quand, elles pourront un jour rentrer chez elles.

Israël continue d’interdire à l’UNRWA, principal fournisseur d’aide et de services éducatifs, de coordonner l’entrée des fournitures à Gaza. Et ce, malgré l’avis consultatif rendu le mois dernier par la Cour internationale de justice (CIJ), qui conclut qu’Israël a l’obligation de ne pas entraver le travail de l’UNRWA et d’autres organisations humanitaires dans le territoire palestinien occupé, et a même le devoir de faciliter leurs opérations. Cette obstruction à l’égard de l’UNRWA notamment bafoue les mesures conservatoires répétées de la CIJ ordonnant à Israël d’autoriser l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza.

Par ailleurs, d’autres grandes organisations humanitaires ont vu leurs demandes rejetées s’agissant de faire entrer dans Gaza l’aide dont la population a tant besoin, au motif qu’elles ne sont pas enregistrées en Israël, une condition édictée dans le but de restreindre arbitrairement les opérations humanitaires. Ainsi, les organisations médicales internationales ont particulièrement du mal à acheminer des fournitures médicales essentielles à Gaza, ce qui prive les patients palestiniens de médicaments vitaux.

Selon un membre du personnel d’une grande organisation humanitaire internationale, ils ne sont autorisés à faire entrer à Gaza que des kits d’hygiène et leurs demandes pour d’autres fournitures essentielles ont été rejetées ou sont restées sans réponse.

Ces restrictions imprègnent la triste réalité de la vie à Gaza, où les graves pénuries de produits médicaux – notamment de médicaments pour l’hypertension, les infections, l’insuffisance rénale, le cancer ou le diabète – demeurent très préoccupantes. Leur impact vient s’ajouter au fait que de nombreux Palestinien·ne·s à Gaza sont déjà plus vulnérables aux maladies et à leur propagation en raison des effets persistants de la malnutrition et du manque prolongé de soins de santé. Un médecin urgentiste de l’hôpital al Shifa a déclaré :

« Les patient·e·s atteints de maladies chroniques, en particulier les personnes âgées, arrivent à l’hôpital et nous ne pouvons rien faire pour les sauver. Les décès dus aux bombardements ont considérablement diminué depuis le cessez-le-feu, et nous voyons aujourd’hui des cas qui, avant la guerre, auraient pu être facilement évités : des personnes souffrant de maladies cardiaques, de diabète, d’insuffisance rénale, que nous ne pouvons pas soigner, faute de matériel, de personnel et de capacité. Elles meurent à petit feu. »

Il a ajouté : « La situation s’est améliorée pour nous après le cessez-le-feu, avec l’ouverture de nouveaux centres de soins primaires, mais les pénuries de fournitures médicales vitales limitent notre capacité à sauver des patient·e·s, en particulier ceux qui souffrent de complications liées au diabète, tout comme le manque de médicaments pour traiter les cancers ou les maladies cardiaques. »

Selon le ministère de la Santé de Gaza, cité par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), 343 des 622 médicaments essentiels (soit plus de 55 %) sont actuellement en rupture de stock. Cela inclut 74 % des médicaments utilisés dans le cadre de chimiothérapies et pour traiter les hémopathies, 64 % de ceux utilisés dans les soins de santé primaires, 56 % des médicaments destinés à la santé maternelle et infantile et 50 % des médicaments nécessaires en cas de transplantation rénale et d’hémodialyse. En outre, 710 des 1 006 (soit 71 %) dispositifs médicaux à usage unique, appelés consommables, étaient en rupture de stock en octobre 2025. Cela comprend 100 % des consommables pour les opérations à cœur ouvert et les cathétérismes, 99 % des consommables destinés à la chirurgie orthopédique et 91 % des consommables destinés à la chirurgie ophtalmologique.

La situation est particulièrement grave pour ceux qui ont besoin d’un traitement vital à l’extérieur de Gaza mais ne peuvent pas y avoir accès – souvent à cause des retards pris par Israël dans la délivrance des permis et de l’interdiction de soigner les Palestinien·ne·s de Gaza dans les hôpitaux de Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au cours du mois qui a suivi la signature du cessez-le-feu, elle a facilité l’évacuation médicale hors de Gaza de 165 patient·e·s, dont 105 enfants. Au moins 16 500 Palestinien·ne·s gravement malades ou blessés, dont près de 4 000 mineurs, ont besoin d’urgence de soins spécialisés.

Déplacement illégal dans des conditions inhumaines

Le déplacement forcé massif de Palestinien·ne·s se poursuit, aggravant les conditions dans lesquelles ils vivent, et est évoqué pour justifier des homicides. Selon l’accord de cessez-le-feu, l’armée israélienne reste pleinement déployée dans environ 54 à 58 % de la bande de Gaza, coupant cette zone du reste de Gaza. Le périmètre de cette zone, appelé « ligne jaune », est indiqué de manière floue sur les cartes publiées par l’armée israélienne et, dans certains cas, délimité par des blocs de béton. Depuis deux ans, l’armée israélienne a mis en œuvre un plan méticuleux visant à détruire et raser toute cette zone, dans laquelle des avant-postes militaires ont ensuite été établis.

Les Palestinien·ne·s n’ont pas le droit de retourner dans leurs maisons ni sur leurs terres agricoles situées au-delà de la ligne jaune, et l’armée israélienne tire sur ceux qui s’en approchent. Ainsi, environ 93 Palestinien·ne·s qui tentaient de traverser pour retourner chez eux ont été tués.

En empêchant les gens d’accéder à leurs terres agricoles et à leurs sources de production alimentaire, Israël accentue l’impact de ses restrictions délibérées sur l’entrée d’aliments nutritifs et de produits de première nécessité. Les restrictions d’accès et la destruction généralisée des zones agricoles et industrielles, ainsi que les limitations sévères imposées à la pêche à Gaza, empêchent la population de subvenir à ses besoins de manière indépendante, et l’obligent à dépendre entièrement de l’approvisionnement insuffisant en nourriture et autres biens dont Israël restreint arbitrairement l’entrée et la distribution à Gaza.

Une enseignante de 54 ans a expliqué qu’elle est contrainte de vivre dans des conditions insalubres dans un camp surpeuplé, car sa maison à Shuja’iya se trouve de l’autre côté de la ligne jaune :

« Nous voulions rentrer à Shuja’iya, ne serait-ce que pour installer des tentes sur les décombres de notre maison détruite, mais la ligne jaune nous barre la route. Des voisins qui se sont rendus à Shuja’iya simplement pour inspecter les dégâts causés à leur maison se sont faits tirer dessus au motif, d’après l’armée israélienne, qu’ils avaient franchi la ligne. »

La population déplacée est confrontée à des conditions insalubres et à la surpopulation, ce qui favorise la propagation des maladies parmi des personnes dont le système immunitaire reste affaibli en raison de la malnutrition et du manque prolongé de soins. De plus, les principales zones qui les accueillent manquent souvent d’infrastructures vitales. Cette situation de déplacement est rendue plus difficile par la destruction des infrastructures, notamment des routes, et le manque de moyens de transport : il est compliqué pour les Palestinien·ne·s d’avoir accès aux services médicaux limités et pour les organismes de distribuer efficacement l’aide dans l’ensemble de la bande de Gaza.

La situation est particulièrement difficile pour les personnes porteuses de handicaps. Un homme de 56 ans en fauteuil roulant, du camp de réfugiés de Jabalia, déplacé depuis dans un camp à Al Zawayda, a indiqué :

« Tout est dur ici. Il n’y a pas de toilettes adaptées aux personnes en fauteuil roulant, donc chaque fois que j’ai besoin d’y aller, c’est un calvaire. Pour nous, la seule chose qui s’est peut-être améliorée, c’est l’arrêt des bombardements incessants ; au moins, une certaine sécurité règne, mais c’est pire aussi en un sens, car nous ne voyons plus aucune issue à l’horizon. Sommes-nous condamnés à rester dans des tentes et dans le camp pour le reste de notre vie, sans dignité, sans intimité ? »

Dunia al Ajrami, 24 ans, blessée lors d’une frappe israélienne le 16 novembre 2024, a dû être amputée de quatre doigts et d’une jambe au-dessus du genou. Elle raconte les difficultés auxquelles elle est confrontée dans le camp du fait de son handicap :

« Je suis experte en éducation spécialisée ; avant la guerre, j’avais un emploi, je travaillais avec des enfants… Ma blessure m’a privée de mon indépendance, mais pire encore, la tente m’enlève toute humanité. Les toilettes ne sont pas accessibles, et j’ai beaucoup de mal à me déplacer à l’intérieur de la tente, à prendre une douche. Avant, je subvenais aux besoins de ma famille, aujourd’hui nous dépendons entièrement de l’aide humanitaire. »

Une infirmière qui ne peut pas retourner dans sa maison familiale à l’est de la ligne jaune a déclaré : « J’ai été déplacée à plusieurs reprises et j’ai tout perdu. Je vis dans une tente dans des conditions qui ne pourraient pas être pires, car ces derniers jours, les fortes pluies ont tout inondé. Avec l’arrivée de l’hiver, la situation ne fera qu’empirer. Si au moins nous pouvions retourner sur nos terres, on s’abriterait dans les décombres de notre maison et on aurait un peu d’intimité. Au moins, ce serait chez nous. »

La pression internationale doit porter sur l’arrêt de tous les actes génocidaires, pas seulement les bombardements

Dans son rapport publié en décembre 2024 sur le génocide israélien, Amnesty International a exposé en détail les éléments de preuve attestant qu’Israël a délibérément infligé des conditions de vie calculées pour provoquer la destruction physique des Palestinien·ne·s à Gaza. Elle a également fourni des éléments prouvant l’intention génocidaire d’Israël, en se fondant sur le contexte général dans lequel les actes interdits ont été perpétrés, l’existence d’un schéma de comportement habituel, l’ampleur et le caractère systématique des actes interdits, ainsi que l’échelle, la nature, l’ampleur et le degré du préjudice infligé au groupe protégé. À l’exception de l’arrêt des bombardements incessants, peu de choses ont changé par rapport à ce qui était relaté dans cette synthèse et rien n’indique que les intentions d’Israël aient évolué.

L’État d’Israël maintient son système d’apartheid envers les Palestinien·ne·s, qui sont constamment déshumanisés. Il a renforcé sa politique en matière de discrimination et de transfert forcé des Palestinien·ne·s en Cisjordanie occupée, et les violences et les homicides soutenus par l’État augmentent. La détention arbitraire de Palestiniens, ainsi que la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus, se poursuivent ; on recense au moins 98 morts en détention depuis octobre 2023. Tous ces « actes répréhensibles, systématiquement dirigés contre le même groupe » témoignent des intentions d’Israël.

Dans la bande de Gaza occupée, les Palestinien·ne·s restent confinés dans moins de la moitié du territoire, dans les zones les moins propices à la subsistance, où l’aide humanitaire reste fortement restreinte. Aujourd’hui encore, malgré les avertissements répétés d’organismes internationaux, trois séries de décisions juridiquement contraignantes et deux avis consultatifs de la CIJ, et malgré les obligations qui incombent à Israël au titre du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains, à la fois en tant que puissance occupante et en tant que partie à un conflit armé, Israël continue délibérément de ne pas fournir à la population civile de Gaza les fournitures nécessaires ou d’entraver leur acheminement.

Le cessez-le-feu est le fruit de pressions internationales, notamment de la part de son allié, les États-Unis, et non d’un changement d’avis explicite.

La jurisprudence internationale reconnaît que la pression internationale peut empêcher l’auteur d’un « plan génocidaire de le mettre en œuvre de la manière la plus directe et la plus efficace » et le contraindre à adopter « une méthode qui lui permettrait de réaliser son dessein génocidaire tout en minimisant le risque de châtiment ». À l’heure actuelle, alors que les bombardements ont largement cessé, Israël continue de restreindre et d’entraver l’acheminement de l’aide à Gaza, perpétuant ainsi des conditions de vie calculées pour provoquer la destruction physique de la population – la mort lente que relatent certains observateurs à Gaza. Les efforts ponctuels d’atténuation déployés par Israël pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire ou d’autres fournitures essentielles à la population de Gaza ne suffisent pas pour réfuter l’hypothèse d’une intention génocidaire, tant qu’ils restent incohérents ou insuffisants et ne se traduisent pas par un réel basculement des conditions de vie imposées aux Palestinien·ne·s à Gaza. À ce stade, il est clair qu’Israël n’autorisera pas la fourniture d’une aide suffisante pour créer des conditions propices à la vie à Gaza – à moins que la communauté internationale n’exige qu’il prenne des mesures efficaces en vue d’y parvenir.

Important : vos attestations de dons pour l’année fiscale 2024 seront disponibles jusqu’au 15 décembre 2025.

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