Palestinians inspect a damaged classroom of the UN school in Jabaliya, northern Gaza Strip.© EPA/MOHAMMED SABER

Israël/Gaza. L’attaque d’une école de l’ONU pourrait être un crime de guerre et doit faire l’objet d’une enquête

L’attaque survenue dans la nuit contre l’école élémentaire de Jabaliya, à Gaza, où plus de 3 000 civils déplacés avaient trouvé refuge, pourrait être un crime de guerre et doit faire l’objet d’une enquête indépendante, a déclaré Amnesty International mercredi 30 juillet 2014. Cette attaque a fait au moins 20 morts et des dizaines de blessés dans cette école, située dans le camp de réfugiés très densément peuplé de Jabaliya.

D’après les premières constatations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui a analysé les fragments et les dégâts sur le site, l’école aurait été touchée par des tirs d’artillerie israéliens alors que l’UNRWA avait indiqué sa position à l’armée israélienne à 17 reprises. C’est la sixième attaque contre une école de l’ONU à Gaza depuis le lancement de l’opération " Bordure protectrice " le 8 juillet 2014.

" S’il était avéré que les obus qui ont touché cette école provenaient de tirs d’artillerie israélien, il s’agirait d’une attaque menée sans discrimination, et probablement d’un crime de guerre. L’artillerie ne doit jamais être utilisée contre des cibles situées dans des zones civiles densément peuplées et un tel usage ne saurait être considéré comme une frappe "chirurgicale" ", a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

" Alors que le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter à un rythme alarmant, Israël a l’obligation de prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils. Il est effroyable que des civils qui avaient écouté les avertissements israéliens leur conseillant de fuir leurs habitations aient été tués ou blessés pendant la nuit dans une école de l’ONU censée leur offrir un refuge. "

Inévitablement, l’utilisation répétée de l’artillerie dans des quartiers densément peuplés fait des morts et des blessés chez les civils, en toute illégalité, et détruit ou endommage des bâtiments civils, quelle que soit la cible visée. Les forces israéliennes ont déjà utilisé ce type de tactiques irresponsables par le passé, notamment dans le cadre de l’opération " Plomb durci " en 2008-2009, au cours de laquelle quelque 1 400 Palestiniens, dont une majorité de civils, avaient été tués.

Ces dernières semaines, à trois reprises, l’UNRWA a signalé avoir trouvé des roquettes palestiniennes stockées dans des écoles, qui n’étaient pas à l’époque utilisées comme abris. Amnesty International appelle le Hamas et tous les groupes armés palestiniens à ne pas mettre en danger les civils en stockant des munitions dans des établissements de l’ONU ou d’autres bâtiments civils.

L’attaque contre l’école de l’ONU est survenue le lendemain de frappes qui ont gravement endommagé la seule centrale électrique de la bande de Gaza. Il faudra probablement au moins un an pour la remettre en état.

" Les frappes contre la centrale électrique, qui ont privé d’électricité et d’eau courante les 1,8 million d’habitants de la bande de Gaza et de nombreux hôpitaux, ont des conséquences humanitaires catastrophiques et s’apparentent très probablement à un crime de guerre. Rien ne saurait justifier les attaques contre une structure civile qui apporte des services cruciaux à tant de civils. Cette attaque a des conséquences d’une ampleur dévastatrice et pourrait être assimilée à une peine collective infligée à la population de la bande de Gaza ", a déclaré Philip Luther.

" La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a créé une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les violations du droit international commises dans cadre du conflit actuel. Contrairement à ce qui s’est passé après les précédents conflits à Gaza, le travail de cette commission d’enquête sur les crimes de guerre présumés, dont ceux évoqués ci-dessus, doit cette fois aboutir à la comparution en justice des responsables de crimes relevant du droit international. "