Irak. Les problèmes de sécurité ne donnent pas carte blanche pour commettre des violations des droits humains

Les menaces quotidiennes à la sécurité qui pèsent sur la vie des civils irakiens ne doivent pas donner lieu à de nouvelles violations des droits humains, a alerté Amnesty International jeudi 5 mai à l’issue d’une mission de six jours menée par son secrétaire général, Salil Shetty, à Bagdad et à Erbil.

Le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan se sont engagés à enquêter sur une série d’atteintes aux droits humains commises par leurs milices et forces de sécurité respectives.
" Les atrocités perpétrées par le groupe armé État islamique (EI) ne donnent pas carte blanche aux milices chiites et aux peshmergas kurdes pour commettre les pires excès, en violation flagrante du droit international humanitaire ", a déclaré Salil Shetty.

"Les autorités irakiennes et les pays qui les soutiennent doivent veiller à ce que les droits humains ne soient pas sacrifiés sur l’autel de la lutte contre l’EI. Même en période de conflit, il existe des règles à respecter – la protection des civils doit passer avant tout. "

À Bagdad, la délégation d’Amnesty International a rencontré le Premier ministre Haider al Abadi et l’a appelé à contenir les forces de sécurité et les multiples milices soutenues par le gouvernement, qui commettent de graves exactions en toute impunité depuis des années, dont des exécutions extrajudiciaires et d’autres homicides illégaux. Le Premier ministre s’est engagé à enquêter sur ces violences et a promis de se pencher sur le cas des centaines de détenus incarcérés sans inculpation dans des centres de détention de fortune de la province d’Al Anbar, dans des conditions terribles dénoncées par Amnesty International le 3 mai.

L’organisation a aussi rencontré à Nadjaf des responsables religieux chiites, connus pour susciter le respect au sein des milices soutenues par le gouvernement, et les a exhortés à appeler ces groupes à respecter le droit international humanitaire.

Dans la région semi-autonome du Kurdistan, le président Massoud Barzani, le Premier ministre Netchirvan Barzani et d’autres membres haut placés du gouvernement se sont engagés à enquêter sur les atteintes aux droits humains commises par les peshmergas, notamment la destruction de milliers d’habitations dans des villages arabes et le déplacement forcé de leurs habitants, entre autres violences recensées par Amnesty International. L’organisation a appelé les autorités à veiller à ce que les enquêtes menées sur ces exactions soient impartiales et indépendantes.

" Ni les milices soutenues par le gouvernement irakien, ni les peshmergas ne sont au-dessus des lois. Les engagements à mener des enquêtes constituent un signal positif, mais encore faudra-t-il que ces enquêtes soient solides et efficaces. Il ne doit y avoir aucune tentative d’étouffer ces affaires – il faut que les auteurs de ces actes aient à rendre des comptes et que les mécanismes nécessaires pour rendre justice soient mis en place ", a déclaré Salil Shetty.

" Sans justice ni obligation de rendre des comptes, les violations se reproduiront inévitablement. "

Amnesty International a aussi appelé les autorités irakiennes et kurdes à veiller à ce que les personnes déplacées par le conflit ne soient pas soumises à des restrictions arbitraires et discriminatoires de leur liberté de circulation.